Le faste de la soirée électorale organisée par l’équipe de Jean Lassalle ne console les militants qu’à moitié. Avec ses 1,5%, le candidat béarnais fait pourtant trois fois mieux que ce que disaient les sondages.
« A Lourdios-Ichère, il a fait 50%. Si c’est comme ça sur tout le territoire, c’est gagné. » L’ambiance est bon enfant à la soirée électorale de Jean Lassalle. Pour le Béarnais et son équipe, c’est enfin le moment de se détendre. « Depuis un mois et demi, je dors 3h30 par nuit en moyenne, soupire Caroline Huet, responsable du « matériel de propagande » de la campagne. Donc ce soir, peu importe le résultat, on fête la fin d’une aventure ». Même le très sérieux Frédéric Lefebvre-Naré, en charge de la coordination du programme, se veut « relax ».
Tous les moyens ont été mis en place pour que la soirée soit réussie, à commencer par le choix du lieu. L’atelier du France, vaste salle tout en baies vitrées posée sur les quais de Seine, donne une étrange sensation de décalage avec l’image très populaire du Pyrénéen.« C’est là le QG de Jean Lassalle ? Hé bien ! » s’exclament des badauds, mi-étonnés, mi-amusés. Au plus fort de la soirée, une soixantaine de personnes seront là, sur les 300 de prévues.
Encore inconnu à Argenteuil
Ambitieux mais pas dupes, les lassallistes. « On sait qu’il ne sera pas au second tour » lâche Frédéric Lefebvre-Naré, à 19h50. Il raconte qu’il y a quelques jours encore, alors qu’il collait des affiches du candidat à Argenteuil, « plusieurs personnes [lui] ont demandé qui était ce candidat ». Les coupes de champagnes et les bières commencent à circuler, et le ton des conversations augmentent. « Lassalle président ! Lassalle résistant ! » chantent certains supporters, à quelques instants des résultats officiels. Lassalle lui, n’est pas là. Après un passage éclair et une courte interview, il retourne dans une péniche avec sa famille.
Il est 20h. Les visages de Marine Le Pen et Emmanuel Macron s’affichent sur l’écran géant. Un ange passe. Pas de surprise, la plupart des invités avaient cédé à la tentation des sites belges et suisses qui prédisaient dès 17h ce duel. Et puis c’est au tour des autres. TF1 annonce un Jean Lassalle à 1,5%, soit trois fois plus que ce que lui donnaient les derniers sondages. Mais la salle boude.
Ce soir, Jean Lassalle fait « la bringue »
« Les Français me déçoivent » lâche un militant un peu éméché. « Le peuple a pas assez faim » regrette un autre, plus gris encore, rappelant tout de même qu’en 1958, « De Gaulle avait 1% des voix dans les sondages. » La déception n’est pas encore digérée que les projections commencent. Emmanuelle, une fidèle de Jean Lassalle originaire de l’Est, évoque la première le concept du « moins pire des deux. » « On a le choix entre le diable en personne et la copie conforme de Hollande » résume Bernard, un militant de 53 ans.
« Je ne vais pas jouer les filles de l’air »
A 21h40, Jean Lassalle prend enfin la parole. « Ce que nous avons fait est considérable » entame le Béarnais, avant de concéder une certaine déception. « J’ai tellement et dit et répété que je serai au second tour, je ne vais pas jouer les filles de l’air et dire que je suis très content de ne pas y être. » Il préfère plutôt parler des « 500 000 personnes qui lui ont fait confiance » plutôt que des 1,5% de voix obtenues.
500000 résistants se sont levés, c’est un formidable signal d’espoir pour la France et pour une certaine idée de la civilisation.
— Jean Lassalle (@jeanlassalle) 23 avril 2017
Concernant son vote au second tour, le maire de Lourdios-Ichère se réserve encore quelques jours pour se décider. Après avoir entonné très solennellement le chant des partisans, comme il l’avait déjà fait au micro de Jean-Jacques Bourdin, Jean Lassalle retrouve la bonhommie qui le caractérise. « Ne partez pas tout de suite, moi je compte bien faire la bringue. »