Parti en tournée aux quatre coins du globe, le dernier spectacle de Fary fait une escale à Paris.
Sous ses airs de comique, il ne blague pas Fary. En témoigne pour commencer le titre de son dernier spectacle : Aime-moi si tu peux. C’est mettre la barre bien haut… pour celle ou celui qui s’aviserait de tenter l’aventure. Ce qu’il va s’ingénier à exposer, détailler et argumenter dans la deuxième partie du spectacle. Doctement, avec un dosage extravagant de sincérité et de mauvaise foi.
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Mais d’abord, immersion dans l’ici et maintenant éternel du théâtre. Entouré d’une galerie des glaces où miroitent les reflets du public, ses premiers mots après son entrée en scène sous des applaudissements nourris donnent le ton : “Quel accueil nul !“
Fragments du discours amoureux
C’est comme ça, rien ne l’agace plus que de caresser son auditoire dans le sens du poil. C’est d’ailleurs ce qui faisait le sel de ses deux derniers opus, Fary is the new Black et Hexagone où l’on suivait son parcours, de l’enfance à l’âge adulte et le développement de ses réflexions sur la vie en banlieue, arrière-poste sociétal des plus éclairants. Mieux vaut en rire peut-être, mais que cela ne nous empêche pas de dire ce qui cloche quand on grandit, noir, dans un pays de blancs. Et puis, soyons clair·es, le plaisir de la provocation est irrésistible. Digressant à l’envi sur le quartier de Strasbourg Saint-Denis où il vit et joue son spectacle, il se fait portraitiste. Celui des fous et folles qu’il croise dans la rue ou des douaniers à l’aéroport du Maroc où sa valise est perdue. Autant de chemins de traverse qui le mènent là où il en est aujourd’hui : un trentenaire qui s’interroge sur la vie de couple et les changements induits par le passage du temps. “T’as plus une copine, t’as une conjointe.“ Et que faire de cette injonction à la fidélité qui semble peser sur l’atmosphère conjugale avec la légèreté d’une enclume ? C’est là qu’il est très fort, à disséquer les tourments du discours amoureux en s’emparant des sujets forts de l’actualité, tel le conditionnement à la base de la construction du genre et ses injonctions. Avec un final magistral, époustouflant de pertinence et de drôlerie, où il évoque la nécessité de donner, dès l’école, aux futur·es amoureux·euses, des cours de sous-entendus, avec cas pratiques à l’appui. On en redemande !
Aime-moi si tu peux, texte Fary et Jason Brokerss, mise en scène Paul Dechavanne. Direction artistique Julien Mairesse et Fary. Jusqu’au 23 mars au théâtre de la Renaissance, Paris.
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