Wataru Tominaga a remporté le prix du concours mode du Festival d’Hyères l’an passé. Il a reçu pour l’occasion une bourse de 15 000 euros et la possibilité de réaliser un projet avec les Ateliers des Métiers d’Art de Chanel. Retour sur une année riche en enseignements.
Il y a presque 365 jours, Wataru Tominaga, designer japonais en devenir, remportait le premier prix du concours mode du Festival International de Mode et de Photographie. Sa collection aux teintes explosives, se jouant des codes du vestiaire masculin traditionnel avait enthousiasmé le jury. Cette année, il a pu travailler avec les Ateliers des Métiers d’Art de Chanel, partenaires du festival de Hyères, et bénéficier du savoir-faire des maisons Lognon et Lesage, respectivement plisseur et brodeur de renom. Ses nouvelles silhouettes seront présentées à la Villa Noailles à partir du 27 avril. Visiblement impatient d’y retourner, Wataru déclare qu’il est « impossible de résumer en quelques mots les moments forts de son année post-Hyères« .Trop intense.
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A son arrivée aux Ateliers, le jeune lauréat rencontre Hubert Barrère, directeur artistique de la maison Lesage, spécialiste de la broderie qui collabore avec les plus grands couturiers depuis 1858. « Nous avons parcouru ensemble les archives de la maison, je me suis nourri et inspiré de quelques-uns des milliers d’échantillons disponibles, ceux qui me parlaient ou me plaisaient« . Mais ici chaque pièce se doit d’être unique. On fabrique l’exception. C’est pourquoi les perles et matériaux que Wataru a travaillés ont été choisis par et pour lui. De minuscules pierres multicolores, des sequins bleu roi, des fils dorés, mais aussi des cordages initialement utilisés pour des disciplines sportives extérieures ou des mousquetons… Ces mélanges sont d’une modernité folle. Wataru s’est approprié avec brio le savoir-faire de cette grande maison française, et extirpe la broderie de sa dimension traditionnelle, associée aux vêtements du soir et aux tenues habillées.
Une énergie ultra-positive
Avec le spécialiste plisseur Lognon, maison fondée en 1853, il a travaillé des textiles issus du workwear, aux couleurs rayonnantes. Jaune canari, orange fluo. Les plissés géométriques qu’il a imaginés tiennent par on ne sait quel miracle. « Toutes mes silhouettes ne sont pas encore terminées » dit-il, mais Wataru dévoile déjà quelques clichés avec fierté. L’ensemble est joyeux et ludique : des poches, des superpositions, des mélanges de textures et de coloris. Et surtout, ses vêtements sont vivants. Ils évoluent au rythme des pas de celui qui les porte. Un mouvement de bras et on découvre l’intérieur d’un pli, d’un rose éblouissant. Le jeune designer déplore la tristesse des tenues que l’on trouve généralement dans le commerce. Autour de lui, nous sommes effectivement tous vêtus de noir. « Je veux que mes vêtements soient joyeux. On laisse trop souvent de côté la couleur, qui est pourtant chargée de signification« . Son travail dégage une énergie ultra-positive.
Des inspirations éclectiques
En feuilletant son carnet d’inspirations, on découvre avec étonnement l’éclectisme de ses influences. Parmi ses croquis, on croise des photos de festivaliers arborant des t-shirts tie and dye aux couleurs criardes, des ouvriers en combinaison utilitaire, bandes fluorescentes aux chevilles et aux poignets, des costumes traditionnels slaves, des silhouettes sportswear. Il a cette vision très contemporaine du vêtement masculin, sait ce dont les hommes ont besoin. La praticité et la fonctionnalité des pièces sont des points que Wataru ne perd jamais de vue. « J’imagine des vêtements pour des gens normaux » dit-il, tout sourire.
Wataru est jeune mais a beaucoup voyagé. Il a grandi au Japon, étudié à Londres à la Central Saint Martins, fait un échange universitaire en Finlande, travaillé dans une résidence artistique en Grèce. Il s’excuse d’ailleurs de sa mine fatiguée, il rentre juste de New York. Une chose est indéniable : ces voyages ont fait la richesse et la force de son travail. Wataru a cette curiosité immense, cette ouverture, ce goût pour l’ailleurs. « Je suis fasciné par les folklores du monde entier, explique-t-il, et particulièrement par la culture des pays de l’est. Je crois que nous ne devons pas nous laisser emprisonner par notre nationalité« .
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