Après l’annonce surprise et l’interview exclusive en début de semaine, l’album de Bloc Party est désormais disponible. Votre avis nous intéresse : gros chef d’oeuvre ou amère déception ?
Fans : à vos claviers, cartes bleues, lecteurs MP3, et préparez les crampes. Bloc Party a annoncé lundi soir, à la surprise du monde entier, la parution quasi immédiate de leur nouvel album, intitulé Intimacy : il est disponible dès maintenant via le site du groupe, pour la modique somme de £5.
Joli coup de pub, et beau moyen de couper cours aux versions pourries et illégales sur le net. Kele Okereke nous a offert dès mardi une interview exclusive lors de laquelle il revient sur l’album, sa génèse, et cette forme instantanée de publication.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Notre chronique est disponible à cette adresse.
Votre avis nous intéresse : que pensez-vous de l’album? De cette forme de publication?
Que vouliez-vous atteindre avec Intimacy, par rapport au précédent A Weekend in the City ? Je crois qu’on voulait quelque chose d’un peu plus rapide, d’un peu plus fort. A Weekend in the City était un album assez mélancolique, introspectif –Intimacy l’est également, à sa manière, mais sa manière est un peu plus énergique. Je voulais que les gens se sentent plus automatiquement poussés vers l’énergie, qu’ils aient plus facilement envie de danser, de remuer, plutôt que de rester sur son canapé à l’écouter dans le calme… Tu l’as décrit comme expérimental, il y a quelques semaines… Non, c’est faux si je l’ai dit. Intimacy n’est pas un album expérimental, en tous cas pas dans le sens habituel –il n’a rien d’une chose difficile ou inaccessible. Même si on a pas mal joué et essayé quelques trucs, c’est un album de pop, car la pop est toujours ce que nous avons voulu faire. Peut-être pas la pop la plus mainstream, mais de la pop quand même. Qu’est ce qui a influencé le plus ton écriture dans les quelques années passées ? Pour A Weekend in the City, j’avais sans doute voulu aller un peu trop loin, voir les choses d’un peu trop haut ; ces volontés sociales ou politiques pouvaient parfois, pour certains, sonner un peu pompeux, la presse me l’a fait souvent remarqué. Mais j’exprimais à l’époque ce que je voulais exprimer, je fonctionne toujours comme ça. Il s’est passé quelque chose, dans ma vie, d’assez particulier cette dernière année : j’ai été engagé dans la relation la plus longue et sérieuse de toute ma vie. C’est sans doute ce qui a le plus influencé l’album, qui se tourne plus vers ces histoires, tomber amoureux, ou rompre –mais ça va bien au-delà des simples histoires de cœur, je me suis concentré sur les relations entre individus, quelles qu’elles soient, complexes et variées. Mais de cela, je ne m’en suis finalement rendu compte qu’à la fin de l’enregistrement, ce n’était pas un projet de ma part. Qu’attendiez-vous de vous-mêmes, en tant que groupe, en tant qu’individu, quand vous avez commencé à travailler sur l’album ? On veut, à chaque fois, éviter la répétition. Continuer à apporter un certain sens de la vie dans ce que nous faisons. Je suis très fier d’A Weekend in the City, mais refaire la même chose n’aurait pas permis de continuer à être vivant. Eviter la répétition n’est même pas forcément un processus conscient pour nous, nous faisons les choses sans véritablement y penser… Je fais les choses pour m’exprimer, dire quelque chose que j’ai envie de dire, et Intimacy correspond à cela. D’une certaine manière, je suis très fier de nos trois albums : je crois qu’ils formeront, mis bout à bout, quelque chose dont on peut réellement être s’enorgueillir. Musicalement, nos standards me semblent élevés. Nous avons su évoluer en tant que groupe. Il y a maintenant une confiance absolue entre nous, nous sommes beaucoup plus relâchés, les choses sortent plus facilement, sans bataille, sans problème. Et les fans, ont-ils influencé Intimacy, par leurs réactions passées ? Oui, enfin oui et non. Non pas que l’on ignore nos fans, mais ils ne sont pas dans nos têtes. Ce que l’on fait, c’est avant tout, je le répète, ce que l’on a envie d’exprimer, des choses assez intimes, ce qui nous touche. Que l’on connaisse un certain succès, en Grande-Bretagne, sur le continent, au Japon, aux Etats-Unis, c’est merveilleux, nous en sommes ravis, mais je crois que nous ferions exactement la même chose si nous vendions beaucoup moins de disques… Pourquoi avoir choisi cette publication quasi-instantanée ? C’est notre choix, pas celui du label. Ce que Radiohead a fait avec In Rainbows m’a énormément plu. Le principe est de retrouver l’excitation que je connaissais quand j’étais gamin. Un disque sortait, un disque d’Oasis par exemple, et tout les kids l’achetaient dans la journée, se dépêchaient de rentrer chez eux, tous obsédés par ce qu’ils allaient entendre, puis commençaient à le commenter le lendemain, tous ensemble, en classe. C’est quelque chose qui manque pour les générations actuelles. Retrouver cette instantanéité, et cette expérience commune, est pour moi quelque chose de très excitant. Aujourd’hui, les albums se retrouvent tous d’une manière ou d’une autre sur le net, tout le monde le télécharge quand il veut, tout le monde se fout de la date de sortie, plus personne n’a ce sentiment génial et frustrant de l’attente, il n’y a plus cet entraînement, cet intérêt collectif pour les albums. Je trouve ça très triste. C’est aussi un moyen de casser la routine et les contraintes étouffantes de l’industrie du disque. Faire un album, avoir une deadline, puis devoir attendre tant de mois pour le publier, tant de semaines pour que le premier single se retrouve en radio, puis dans les bacs, c’est quelque chose d’assez pénible et de frustrant pour un groupe. C’est un système oppressant. Comment les fans ont-ils réagi, lors du webchat ? Le chaos complet, des centaines de questions, on ne pouvait pas répondre à tout le monde. Mais la réaction a été très positive, c’était très excitant.
{"type":"Banniere-Basse"}