Echappé de Hot Chip, Joe Goddard dresse son autobiographie musicale sur un album d’electro aux humeurs variables.
Quels sont tes premiers souvenirs musicaux ?
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Joe Goddard – Quand j’étais tout petit, ma mère écoutait souvent After the Gold Rush de Neil Young, qui reste l’un de mes albums préférés. Je me souviens des premières cassettes que mes parents nous ont données, à mon frère et moi : Rubber Soul des Beatles et Hot Rocks des Rolling Stones. Mon père fait du montage pour le cinéma et il a travaillé sur des clips de The Cure, Queen, Bowie. Ça m’a marqué de le voir travailler avec toutes ses machines et d’entendre cette pop très particulière qui a nourri Hot Chip.
Quand as-tu commencé à jouer d’un instrument ?
Mon père m’a offert une guitare acoustique pour Noël quand j’avais 11 ou 12 ans. Peu de temps après, je me suis mis à faire des essais avec des programmes très simples : prendre un bout d’une chanson des Isley Brothers pour en faire une boucle, créer des beats basiques pour que mes copains puissent rapper dessus… Je n’ai jamais été un musicien virtuose, mais ça fait environ vingt-quatre ans que j’utilise des ordinateurs pour faire de la musique, principalement sur le logiciel Cubase, donc je me sens à l’aise dans ce domaine.
Comment as-tu découvert la culture du clubbing ?
Quand j’étais ado, je me suis intéressé à toute la scène drum’n’bass, comme Photek et Goldie, et je sortais dans des clubs londoniens. Je n’avais pas l’âge, mais je tentais le coup et parfois ça marchait ! J’allais aux soirées Metalheadz au Blue Note. Je restais planté là, à écouter cette musique fascinante, et je ne comprenais pas pourquoi j’étais le seul à avoir des coups de barre – en fait j’étais sobre, alors que tout le monde prenait de l’alcool ou de la drogue. J’ai aussi été marqué par la house et par des concerts de reggae et de hip-hop.
Ton album reflète cet éclectisme…
Au collège, j’étais ami avec Alexis et Owen de Hot Chip et Kieran de Four Tet. On était des nerds, en marge des modes, et ça nous est resté. A nos débuts, la presse anglaise trouvait ça bizarre qu’on pioche dans des styles aussi variés, mais pour nous c’était naturel. J’ai créé cet album dans mon studio, un sous-sol près de Hoxton Square. C’est là que j’entrepose tout mon matériel, tous les synthés vintage que je collectionne. En ce moment, j’y passe beaucoup de temps avec Hot Chip ou avec des groupes que je produis. Quand je suis seul, je peux passer des heures à m’amuser et à bidouiller jusqu’à trouver des sons qui m’intriguent. C’est un luxe rare de pouvoir être dans cet état, sans aucune distraction. Le risque, c’est de ne pas savoir s’arrêter, d’effacer des premières versions dans un moment d’euphorie, ou de bâcler la fin d’un titre sur lequel on estime avoir passé trop de temps.
Comment adapter ces morceaux sur scène ?
J’y pense beaucoup. Le plus simple serait de rejouer l’album, c’est ce que je veux éviter. Avec Hot Chip, on passe des années à monter des concerts qui tiennent la route. J’aimerais que le live apporte quelque chose en plus pour le public et que ces chansons évoluent tous les soirs
– un défi à la fois périlleux et palpitant.
propos recueillis par Noémie Lecoq
Concert à Paris (Badaboum) le 27 avril.
{"type":"Banniere-Basse"}