Avec 0,8% pour François Asselineau et Emmanuel Macron en tête du premier tour des présidentielles devant Marine Le Pen, les militants du candidat UPR crient à la « magouille des résultats ». Dans cette « manipulation des médias », des « algorithmes » ou même la « faute de Washington » dans ces résultats, beaucoup s’abstiendront pour le second tour. « Macron, on n’en veut pas ! » Récit de cette soirée électorale, au QG de François Asselineau.
Vraiment, ils ne comprennent pas. Mais pas du tout. Emmanuel Macron, en tête du premier tour des présidentielles ? « C’est pas possible, il y a quelque chose derrière… », soupçonne une militante, qui a revêtu son t-shirt « Asselineau 2017 » pour cette soirée du premier tour. « Les résultats sont truqués, c’est sûr ! » Renchérit sa voisine, elle aussi venue soutenir François Asselineau. Au Pavillon Wagram, où le candidat de l’Union populaire républicaine (UPR) a rassemblé ses militants et son équipe de campagne, la plupart en sont persuadés : « il y a une magouille dans les résultats, Macron ne peut pas être en tête. » Et chacun a sa petite idée du pourquoi du comment, en tentant de le prouver par A + B : pour certains, c’est « la faute du rabâchage des médias », pour d’autres ce sont « les algorithmes », ou encore de possibles « piratages informatiques » et même « la faute de Washington ! » Mais surtout, surtout, plusieurs militants nous disent de bien noter ceci : « Non, nous ne sommes pas des complotistes ! Nous, on vient de la banlieue, d’Aubervilliers », soulignent-ils, en nous agrippant le bras.
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Cette « manipulation de l’esprit par les médias et les sondages », les militants de François Asselineau en parlaient déjà en faisant la queue devant le Pavillon Wagram, salle louée spécialement pour l’occasion, près de l’Arc de Triomphe. « Les sondages sont tous pourris ! », débattaient-ils entre eux. Même son de cloche en entrant dans la salle carrée, en attendant les résultats du premier tour : « Ils disent n’importe quoi ! », déclarent-ils devant l’émission politique de France 2.
Une coupe de champagne à la main, les quelques centaines de personnes réunies papotent entre elles tranquillement, calmement, très calmement. Pas de sono, pas de musique, juste le son de leur voix. Le rendez-vous ressemble à une réunion dominicale quelconque. Seulement quelques dizaines portent des t-shirt pro-Asselineau, et une poignée ont apporté leur drapeau français. La salle est remplie, du moins autant que la petite salle le permet. Face aux sondages « truqués », beaucoup espèrent voir le score d’Asselineau autour des 10%.
« La situation est GRAVE ! »
Alors quand leur candidat de cœur arrive enfin devant le pupitre, après un long moment d’attente (à 21 h 50 seulement, le temps « nécessaire » pour lui de mesurer la fiabilité des estimations, car confiance 0), les militants se lâchent un peu plus. Ils applaudissent à gorge d’éployées et crient des « Merci ! Merci ! Merci ! » C’est comme s’ils voyaient leur libérateur en face d’eux. « C’était celui que j’attendais !, explique Yamina en levant les mains vers le ciel, tout en évoquant la première fois qu’elle a découvert le candidat. Enfin quelqu’un me représentait ! On n’est pas des populistes, monsieur Asselineau connaît ses dossiers. Je suis vraiment déçue du résultat. 0,8% ce n’est pas normal, on aurait dû faire beaucoup plus. » Pour elle, « l’Union européenne est une dictature qui nous dicte nos lois », et les « médias sont aux mains des banques et de la finance », comme le journaliste de CNews, Olivier Galzi, qui interviewait récemment le président de l’UPR et qui serait « un agent double de la CIA ». « La situation est grave, mettez-le en gras, elle est GRAVE ! », scande-t-elle dans la salle, devant ses amies qui acquiescent.
Pour François Asselineau aussi, « les Français sont tombés dans le panneau ». « C’est une grande tristesse de voir Macron en tête puisqu’il a bénéficié d’une couverture médiatique obscène », indique-t-il au début de sa prise de parole. Les autres candidats, comme François Fillon ou Benoît Hamon, qui appellent à voter pour Macron feraient, selon lui, tomber la France dans « une situation qui sera calamiteuse ». Emmanuel Macron sera vainqueur de l’élection présidentielle, il en est sûr, « c’est ça qu’il va se passer ! », lance le président de l’UPR devant son pupitre. Il voit d’ici la défaite de Marine Le Pen, puisqu’il y a « une guerre de manipulation des informations et des médias en France ! » explique-t-il, sous les « hourra ! hourra ! » des militants. Sans surprise, il ne donnera « aucune consigne de vote, mais Macron c’est l’horreur et Le Pen stigmatise mais n’a jamais proposé une sortie de l’Union européenne ». Tout ça, pour ça. « Frexit, Frexit ! » lancent les militants en applaudissant, sous les spots des projecteurs qui s’allument et s’éteignent comme dans une boite de nuit. Ils terminent par des ambassades et l’hymne nationale, la main sur le cœur.
L’abstention, pour ne pas voter Macron ?
Beaucoup s’abstiendront donc au second tour : « Macron était le pire scénario et Le Pen je n’en veux pas », explique un militant en tenant une bouteille de champagne sous le bras, tandis que sa voisine Isabelle n’ira pas « voter Macron car c’est un pantin, ni Le Pen car on n’en veut pas ». Mais, pourtant, elle ne « s’abstiendra pas »… Vague. Mais une chose est sûre : « On ne va pas abandonner », déclare Asselineau en ajoutant : « On va présenter des candidats dans toutes les circonscriptions pour les législatives ». Malik en est certain : « On va devenir LE parti d’opposition ! » Avec 0,8% il y a encore du chemin à faire. A 23h38, en bouclant cet article, François Asselineau et ses proches de campagne en discute en grignotant un apéro.
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