L’artiste canadien a conclu ce 24 janvier un accord qui transfère à Hipgnosis Songs Funds les droits portant sur les 290 titres de son catalogue.
C’est par un tweet triomphant que la société Hipgnosis Songs Funds a souhaité la bienvenue à Justin Bieber : “Welcome to the Hipgnosis Family.” L’artiste canadien a en effet cédé à la société d’investissement britannique ses droits d’édition ainsi que ses redevances d’artiste sur les 290 titres de son catalogue publiés avant le 31 décembre 2021, pour une somme de 200 millions de dollars, selon le magazine Billboard.
Désormais, lorsque Baby ou Love Yourself seront diffusés, c’est Hipgnosis qui percevra les droits. En effet, pour Bieber, comme pour ceux qui l’ont précédé, cela revient à recevoir à la signature de l’accord une somme forfaitaire et définitive, en abandonnant la possibilité de toucher un pourcentage à chaque exploitation de sa musique.
Ce qui est présenté comme la plus grande acquisition de Hipgnosis à ce jour n’est pourtant pas la première du genre. Qu’ils soient motivés par un besoin de liquidités, comme cela semble être le cas de Bieber, ou une volonté de transmettre un actif plutôt qu’un catalogue à gérer, nombreux sont les artistes à avoir fait ce choix. La société de Merck Mercuriadis est récemment devenue propriétaire des catalogues de Red Hot Chili Peppers et de Neil Young, tandis que celui de Bob Dylan a été racheté par Universal, selon une pratique courante déjà questionnée dans ces pages.
Un investissement plus risqué
Rien de neuf donc, si ce n’est que contrairement aux monuments de la musique qui l’ont précédé, Bieber n’a que 28 ans. Là où l’investissement concerne habituellement un catalogue éprouvé par le temps, qui en fait une valeur refuge, Hipgnosis a fait ici le choix d’un actif plus risqué, dont la durabilité reste à prouver. Certes, Bieber est rentable et son succès indéniable. Mais si l’on est capable d’appréhender le nombre de streams d’un titre comme Blowing in the Wind sur les dix prochaines années, est-ce le cas d’un Love Yourself ?
Dans un communiqué, Mercuriadis se félicite de cette acquisition, notant que Bieber “fait partie d’une poignée d’artistes déterminants de l’ère du streaming, qui a revitalisé l’ensemble de l’industrie de la musique, emmenant avec lui un public fidèle et mondial dans un voyage de phénomène adolescent à artiste culturellement important”. Et si c’était ça, la clé du mystère : capitaliser sur un artiste dont l’évolution est intimement liée à celle du streaming ?