Officiant désormais en solo, Yvan Murenzi fait des merveilles sur un premier album qui installe la néo-soul à une altitude que peu d’artistes peuvent prétendre actuellement survoler.
Parce qu’on connaissait et appréciait la façon lascive et sensuelle qu’avaient les Bruxellois d’envisager la musique, l’arrivée du premier album de YellowStraps a d’abord suscité l’inquiétude : comment cet univers allait-il survivre au départ d’Alban Murenzi ? Et surtout, de quelle manière son frère, Yvan, allait-il pouvoir prolonger l’ADN du tandem en se retrouvant ainsi, face à lui-même, sans garde-fous, sans partenaire de jeu et sans ruse ?
Réponse : en restant fidèle à ce groove languide, à cette musique taillée pour faire des galipettes dans le coton, à ces collaborations qui ont toujours contribué à faire des morceaux de YellowStraps bien plus que des chansons mais des épopées collectives, où les mélodies naissent d’un échange, d’un savoir-faire d’une même volonté d’expérimenter les formes.
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Une douceur qui touche au cœur
Ici, les artistes invités sont d’origine diverses (Roméo Elvis, Blu Samu, Sam Wise…), mais l’alchimie fonctionne à merveille et participe à la réussite de ce Tentacle qui, petit à petit, brouille les pistes, équilibrant la douceur d’une voix suave avec le langage électronique et l’ambition orchestrale de son instrumentation.
De la chanson-titre à flowin, ces treize morceaux témoignent effectivement d’une musique bipolaire, alternant les humeurs et les émotions en une néo-soul soyeuse, qui invite au frotti-frotta avec l’electro, le R’n’B et le rock. Champagne, Clouds et Sorry Sorry Sorry – formidable triptyque, tout en maîtrise et en ambiguïté émotionnelle – donnent ainsi toute sa saveur à un album finement arrangé, souvent très doux, qui parle directement au cœur avec une familiarité séduisante.
Le fait que ces trois morceaux n’aient pas été choisis comme premiers singles en dit également long sur le potentiel tubesque de ce Tentacle attiré par tout un pan de la musique comateuse, de Sampha à King Krule. Avec, comme toujours chez le Bruxellois, ces mots, sensibles, troublants, qui portent le romantisme en étendard.
Tentacle (Haliblue Records/Polydor). Sortie le 27 janvier.
Concert le 16 février à Paris (Point Éphémère).
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