Avec son folk bien plus audacieux qu’il n’y paraît, et un timbre pleinement déployé, l’Américaine signe son quatrième et plus bel album à ce jour.
On peut trouver difficilement trouver plus classe que l’ouverture de Ashes Ashes, au piano accompagné de rythmiques évoquant aussi bien le folk sixties que les émanations trip hop des nineties. Meg Baird laisse l’instrumentation et ses chœurs lointains de magicienne se déployer durant un peu plus de six minutes. Audacieux, mais captivant, à l’image de la conclusion de Furling, Wreathing Days, où le temps s’arrête presque, figé par sa voix fiévreuse de sirène contemporaine.
Cette grâce sonore est distillée au fil des nouvelles compositions de la musicienne américaine, dont le nom n’est certes pas connu du grand public mais qui, pourtant, a longtemps œuvré au sein de la scène musicale de Philadelphie, où elle a formé au tout début des années 2000 le groupe de folk psyché Espers.
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Sonorités solaires
Forte de l’héritage de son arrière grand-oncle I.G. Greer, figure des musiques traditionnelles des Appalaches, Baird s’est cependant toujours vouée à un corpus solo depuis son premier album, Dear Companion, en 2007. Déjà contemplatif, mais où la voix ne s’était pas encore pleinement libérée.
Depuis, elle s’est illustrée par des collaborations toujours chic, avec Mary Lattimore, Sharon Van Etten, Kurt Vile, Steve Gunn, Bill Callahan ou encore Heron Oblivion, groupe au sein duquel officie son compagnon Charlie Saufley. Lequel l’accompagne sur Furling afin de servir ses ambitions orchestrales. En effet, désormais basée à San Francisco, elle laisse ici plus de place à des sonorités solaires conjurant la gravité de paroles évoquant le manque, l’amitié, les rêves éveillés, les liens qui se font et se défont…
Pour servir le propos de ce quatrième disque à la pochette déjà prometteuse, sont convoqués piano, clavecin, guitares, harpe, mellotron, vibraphone ou batterie, la plupart joués par Baird elle-même. Si des titres tels Twelve Saints servent brillamment la cause folk californienne, d’autres interpellent les fantômes de Nick Drake (Cross Bay, Unnamed Drives) ou, sur The Saddest Verses, les pérégrinations de Bonnie Prince Billy, avec qui elle avait déjà partagé le beau I’ve Been the One. Et quand Meg Baird cède à l’appel de l’extérieur et part sur la route, c’est sur les traces du Neil Young des années 1970. « Will Your Follow Me Home? », demande-t-elle. Sans hésitation, on lui emboîte le pas.
Furling (Drag City/Modulor). Sortie le 27 janvier.
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