Isabel Greenberg dynamite et renverse les codes conservateurs des fables.
Au lit avec son amoureuse Cherry, mais aussi avec le grossier prétendant de celle-ci, la passionnante conteuse Héro s’emploie chaque nuit à tenir son auditoire en haleine afin de protéger celle dont elle partage la vie des assauts qui lui sont promis.
Pour sauver une femme mais aussi sa personne, elle développe son récit tel un réseau de bobines narratives difficiles à démêler. Oui, l’Anglaise Isabel Greenberg reprend ici le principe des Mille et Une Nuits. Mais elle l’adapte à son imaginaire et à ses préoccupations féministes. Avec L’Encyclopédie des débuts de la Terre, précédent livre en forme de poupée russe, elle avait déjà montré d’étonnants talents de conteuse moderne.
Avec ce deuxième livre inscrit dans le même univers, elle poursuit son entreprise, facilitée par un graphisme délicat et faussement naïf : dynamiter et renverser les codes conservateurs des fables et d’une partie de la fantasy. Heureusement, malgré certains personnages masculins un poil caricaturaux, jamais sa démarche militante ne perd sa subtilité et ne va à l’encontre du plaisir de l’intrigue.
Les Cent Nuits de Héro d’Isabel Greenberg (Casterman), traduit de l’anglais par Stéphane Michaka, 232 pages, 29 €