L’année dernière, « Dix pour Cent », diffusée en prime time sur France 2, donnait un nouveau souffle au paysage sériel français. La deuxième saison revient dès mercredi prochain, même chaîne même horaires. L’occasion de revenir sur les 5 moments cultes da la première saison
Depuis longtemps les séries ont souvent trouvé dans les institutions publiques ou privées un lieu privilégié pour sonder, à travers l’exploration minutieuse du groupe, la part d’humanité (et donc d’universalité) de leurs personnages. Dix pour Cent est l’une d’elles. Ici pas d’hôpitaux, de commissariats ou de tribunaux mais les bureaux luxueux de l’agence ASK, perchée dans un immeuble haussmannien du 1er arrondissement de Paris. Véritable plongée dans le quotidien de quatre agents, tiraillés entre les caprices de leur chers acteurs et actrices, le futur incertain de leur boite et leurs problèmes perso, Dix pour Cent, nourrie par l’expertise documentaire de l’éminence grise du cinéma français Dominique Besnehard, s’offre comme une série comique et sexy peuplée de personnages vivifiants.
Après un beau succès public et critique lors de la diffusion, l’année dernière, de sa première saison sur France 2, Dix pour Cent est de retour dès mercredi prochain. L’occasion de revenir en cinq points sur les quelques moments mémorables de la série.
1) La démission
Quand on la découvre dès les premières minutes du tout premier épisode de la saison 1, Andréa Martel (un nom qui lui va à ravir), agent de star rigoureuse et redoutable, surgit énergiquement de son bureau. La caméra la suit dans un long travelling arrière dynamique alors qu’elle arpente d’un pas décidé les couloirs de la renommée agence ASK. A ses trousses, son assistante, Magali, les bras encombrés de classeurs et autres carnets truffés de post it, trotte laborieusement. Elle note maladroitement les innombrables rendez-vous, annulations, directives malvenues (rembarrer une ex trop collante) de sa chef autoritaire. Dans le même épisode, quelques instants plus tard après une énième humiliation, la jeune femme éreintée par la cadence infernale de ce job de l’enfer décide de tout plaquer. En quelques minutes, la série brosse le portrait complexe de l’une de ses héroïnes phares. Andréa Martel est à l’image de son métier : féroce et dévorante. Elle se révèle aussi au cours de la série plus sensible qu’on ne pouvait l’espérer (notamment au contact de Colette la comptable chargée du redressement fiscal de la boîte). Camille Cottin dont le visage passe avec une facilité assez déconcertante de la moue sévère à une expression plus douce voire sereine est tout simplement parfaite dans le rôle.
2) « Vous dites comment ? Des classeurs ? »
Ce qu’il y a de réjouissant dans Dix pour Cent, c’est sa capacité à ouvrir à ses personnages des horizons complexes et excitants, à accueillir leurs marges et leurs décalages. Ainsi, si la série se concentre principalement sur les tourments de ces quatre agents de stars, les personnages secondaires ont tout autant leur importance. Parmi eux : Stéfi Celma (Sophia Leprince) actrice débutante et réceptionniste à ses heures perdues, Noémie Leclerc (Laure Calamy), la tendre et bien dévouée assistante du redoutable et vilipendeur Mathias Barneville, Camille Valentini (Fanny Sidney) fille cachée de ce dernier et nouvelle arrivante et enfin Hervé André-Jezack (Nicolas Maury) employé pour le compte de Gregory Montel, la bonne pâte de l’agence. De sa silhouette gracile et désarticulée, ses gestes lourds, sa diction lente et vaporeuse, Nicolas Maury incorpore à la série un subtil mélange de burlesque et de fantasque, gonflé d’un humour graveleux et raffiné. Son visage pâle médaillé de grains de beautés rappelle celui d’un Pierrot lunaire ou autre clown triste. Le personnage d’Hervé est l’une des révélations de la première saison de Dix pour Cent. La deuxième saison devrait lui offrir l’espace suffisant pour exploiter sa verve comique.
3) Nathalie Baye & Laura Smet
Fort du succès de l’an passé, la série créée par Fanny Herrero avait pourtant commencé sur des chapeaux de roues. Après neuf ans passés dans les tiroirs de Canal + (sur une idée originale de Dominique Besneart) Dix pour Cent atterrit finalement chez France 2. C’est ensuite aux rejets des stars, conviées pour incarner leur propre rôle le temps d’un épisode, que la créatrice de la série s’est vue confronter. Les noms de Dominique Besnehaert et Cédric Klapish (directeur artistique et réalisateur de quelques épisodes) ont su en convaincre certaines quand d’autres se sont désistées. L’une des autres trouvailles (géniale) de la série est donc d’avoir su faire cohabiter son lot de guest prestigieux aux côtés d’acteurs moins connus et personnages principaux de la série. Une idée certes pas toute neuve et maintes fois utilisée sur petit (Platane d’Eric Judor) et grand (Le bal des actrices de Maiwenn entre autre) écran, mais qui trouve ici tout son sens. Car Dix pour Cent fait des préoccupations mouvementées (entre fantasme et réalité) de ses stars la principale matière dramaturgique à laquelle les agents doivent se soumettre. Dans le troisième épisode, c’est Nathalie Baye et Laura Smet qui se prêtent au jeu de l’autodérision et incarnent gracieusement le duo mère-fille qui s’aiment et se déchirent. Alors que leurs agents respectifs leur proposent un rôle en or, les deux femmes se rendent compte qu’elles joueront dans le même film. D’abord emballées par le projet puis très vite terrifiées à l’idée se retrouver cloitrées en tête en tête durant les trois mois que dure le tournage, elles décident, chacune dans son coin, de foirer leur casting pour ne pas décrocher le rôle.
4) Cécile de France
Sans jamais consentir au portrait vulgaire, la série propose au contraire une vision parodique de l’image de star de cinéma, inspirée de véritables préoccupations liées de près ou de loin au métier d’acteur. Pressentie pour incarner le rôle titre de la prochaine superproduction de Quentin Tarantino, Cécile de France est prête à tout pour décrocher le contrat quitte à se payer d’interminables séances d’équitation avec une monitrice irritable et carrément insupportable. Mais rapidement, l’actrice se cogne au dogme du jeunisme imposé aux actrices et voit son rêve Hollywoodien s’envoler. Cécile va avoir 40 ans et déjà son visage et son corps arrivent à leurs dates de péremption et ne peut envisager qu’une inévitable solution : le bistouri.
5) « T’as quelqu’un en ce moment?”
De François Berléand à Françoise Fabian, de Line Renaud à Audrey Fleurot ils sont quelques-uns à avoir pris le risque de s’amuser de leurs images dans la série. Dans le cinquième épisode, Dix pour Cent pousse encore plus loin le jeu de l’autodérision un brin sarcastique en offrant à Julie Gayet le rôle d’une actrice en pleine love story torride avec Joey Starr et dont la nouvelle idylle devient la cible préférée de la presse à scandale. La référence à sa relation très médiatisée avec le président de la République est évidente et Gayet s’offre ici une belle revanche cathartique en plaquant au sol, telle une véritable catcheuse, un paparazzi indiscret.
Premières images de la saison 2
Avant que ne débute la diffusion des premiers épisodes de la saison 2, quelques extraits et bandes-annonces ont déjà été dévoilés. Des images dans lesquelles on découvre notamment l’impressionnant casting qui composera ce nouvel opus : Virgina Effira, Ramzy, Isabelle Adjani, Fabrice Luchini, Julien Doré, Norman, Juliette Binoche ou encore Guy Marchand. Des images également qui permettent de constater (furtivement) l’évolution et importance des personnages. C’est le cas de deux d’entre eux qui devraient littéralement exploser dans ces nouveaux épisodes : Laure Calamy alias Noémie qui croit reconnaitre en Christophe Lambert le portrait craché de Camille (qui dans la saison 1 invente ce lien avec l’acteur de peur de révéler sa véritable filiation) et Nicolas Maury alias Hervé, qui élabore un discours sur l’infidélité et sermonne avec élégance Ramzy sur son manque « d’ouverture » dans un ascenseur.