Le film d’Emmanuel Marre est une belle comédie dépressive, révélation de ce festival consacré aux moyens métrages.
Pour sa quatorzième édition, le Festival de Brive, consacré aux moyens métrages, tenait fièrement le cap d’un cinéma neuf, bricoleur et aventurier. La mode était cette année aux gestes postréalistes, à tous ces objets non identifiés hybridant documentaire et fiction à la faveur de sujets souvent brûlants, marginaux : visite d’un camp de gitans sous haute influence Werner Herzog (Valentina de Maximilian Feldmann) ; banlieue-movie manipulateur où de jeunes ados mettent en scène leurs vraies-fausses amours (La Cour des murmures de Grégory Cohen) ; portrait d’une actrice iranienne drolatique dans l’excellent Madame Saïdi de Bijan Anquetil et Paul Costes.
Road-movie au charme mélancomique
Brouillant lui aussi les lignes entre réel et scripté, Le Film de l’été s’est imposé comme la plus encourageante découverte de la sélection 2017. Signé du jeune Emmanuel Marre, déjà auteur de documentaires et minifictions remarqués, ce road-movie au charme mélancomique accompagne les divagations d’un quadra chômeur, divorcé, mal dans ses pompes, qui compense sa lose par un sens infaillible de la vanne et de l’amitié.
“Film d’autoroute, de touristes en transhumance, de tables de pique-nique en béton et de carwashs”, ce beau récit de dépression séduit par l’élégance impressionniste de sa mise en scène et son humour lo-fi creusant les situations de gêne et d’inconfort avec tendresse. Ici s’invente une langue neuve et prometteuse, où se croisent dans un geste joyeusement bordélique Raymond Depardon, Jacques Rozier et Gaston Lagaffe.