Avant une tournée monstre aux Etats-Unis et le festival Primavera, les Local Natives posaient leurs valises à Paris pour présenter leur deuxième album, Hummingbird. Les petits Anglais de Wall assuraient la première partie. On y était. On raconte.
On avait pris une belle claque, en 2009, en découvrant Gorilla Manor. C’était le premier album d’un petite bande de Los Angeles, et le début d’une grande histoire d’amour. Gorilla Manor, c’était un concentré de guitares cristallines, de percussions épileptiques et d’harmonie vocales bouleversantes, le tout arrangé avec une précision, une minutie, une maniaquerie relevant presque de la pathologie. Autant dire qu’on a parcouru, ces dernières années, chaque coins et recoins de cette petite merveille, et qu’on attendait fébrilement la suite. Et puis bim, il y a quelques semaines, Hummingbird tombe du ciel. Joie et bonheur dans nos coeurs. Puis : un passage à Paris, ce concert au Trabendo.
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Wall arrive rapidement. Le trio Londonien présente une série de pop-songs synthétiques, délicates, jolies. Ils sont tous jeunes et tout mignons, mais la tempête n’est jamais loin. Le petit bout de chanteuse, avec son drôle de pull bariolé, est toujours à deux doigt du chaos sonore, à un cheveux de tout faire basculer, de passer de l’amour à la guerre : un solo de guitare dissonant par ici, un effet de clavier exagéré par là, et c’est la paix qui vacille. Après leur mini-tube Shoestring, elle remercie en souriant, distribue l’air de rien, comme en minaudant, une poignée d’ep au public et puis s’en va. Affaire à suivre.
Quelques minutes d’attente, et les Local Natives arrivent. A peine foulent-ils la scène du pied que le public les acclame. Ils attaquent d’emblée avec You & I, la belle ouverture de Hummingbird. On est tout de suite plongé dans le bain brulant des Californiens. Sable chaud et vent frais, les yeux fermés, le coeur au bord de la mer. Ils enchainent avec Breakers, mais bientôt la setlist entremêle les folies de leur premier album, pour le grand bonheur du public qui chante, crie, accompagne ces »wooo hooo » fuyants. Défilent ainsi Who Knows Who Cares, Airplanes, World News, leur reprise géniale de Talking Heads Warning Sign… Toutes ces beautés qui nous accompagnent depuis des années maintenant.
Il faut dire que si on ne les aimait pas autant, on dirait que les morceaux de leur deuxième album manquent un peu de sel à côté de ceux du premier, et que le choix de réduire les harmonies entre Kelcey Ayer et Taylor Rice est une vraie souffrance. Parce que la magie de Local Natives, c’est cette communication, cette communion et à la fois cette confrontation entre les deux meneurs, dont les voix se superposent à la perfection, se complètent et s’assemblent dans une prière païenne de liberté, de fuite, de foi en la beauté en soi : il y a quelque chose de tribal chez ces deux post-hipster possédés, passionnés par le feu et le vent avec cette intensité, cette énergie fabuleuse. Après rappel, ils termineront d’ailleurs par Sun Hands, dans une sorte de transe guitaristique finissant de ravir un public conquis. En novembre prochain, les Local Natives seront de retour à Paris, mais ils joueront au Bataclan : le cercle des fidèles ne fait que grandir.
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