Un vent de liberté souffle sur les spectacles attendus en ce début d’année 2023.
Édito initialement paru dans la newsletter musique du 6 janvier. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !
À commencer par la soirée du 7 janvier à l’Institut du monde arabe, pour la deuxième édition de House of Habibi, en collaboration avec Paris Is Dancing. Le voguing est à l’honneur, Myss Keta en tête d’affiche et le message, clair comme de l’eau de roche : “Fêter la diversité et célébrer nos différences. Paris Is Dancing traduit son engagement dans la lutte contre le racisme et la LGBTphobie. Cette fois-ci, la lumière sera mise sur les divas des années 2000 avec un twist totalement queer.” Au programme : Vanina Ninja, Chachou Miyake Mugler, Alaïa Miyake Mugler, Mackenzie Margiela, Zion Bodega pour les performances, et Gonthier, Tim Zouari et Rebequita pour la musique.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Danse encore à la MAC de Créteil (10-12 janvier), avec le solo Ineffable de Jann Gallois où le corps, instrument de recherche spirituelle, se nourrit de plusieurs formes d’expression corporelle issues de rites religieux et l’entrelace à sa danse de prédilection, le hip-hop.
Danse toujours avec Hofesh Shechter, qui présente à la Philharmonie de Paris (6-8 janvier, une programmation hors les murs du Théâtre de la Ville) Light: Bach Dances, en réunissant pas moins de neuf chanteurs et chanteuses, vingt musicien·nes baroques et dix danseurs et danseuses. En voix off se font entendre les récits de personnes anonymes, sachant leur fin prochaine et témoignant de leurs émotions. Une cérémonie de consolation qui entremêle la célébration de la vie et l’acceptation de la mort.
Même si notre besoin de consolation est impossible à rassasier. C’est le cœur serré qu’on accompagne en pensée le Théâtre du Radeau, qu’on retrouve cette semaine au TNS de Strasbourg (6-14 janvier) avec Par autan, l’ultime création de François Tanguy, disparu brutalement en décembre dernier. Ses compagnes et compagnons de route n’ont alors pas eu la force de présenter le spectacle au Festival d’Automne à Paris. Ce jour-là, Stanislas Nordey écrivait sur le site du TNS : “François, nous ne rirons plus ensemble. Nous ne nous battrons plus ensemble. Nous ne penserons plus ensemble. Tu t’es éclipsé si tôt, trop tôt. Tous tes moussaillons, qu’ils soient directement amarrés à tes créations ou qu’ils se soient agrégés à ton sillage de façon éphémère ou durable sont terriblement orphelins ce jour. (…) Début janvier, nous t’attendions de pied ferme à Strasbourg avec ce nouvel opus, que nous savons aujourd’hui l’ultime. Tu ne seras pas là, toi, et l’écrire est comme un petit coup de poignard qui avive le chagrin mais nous serons là pour faire place à ton, à votre chant. Merci à toi pour toute la force que tu nous as donnée à nous artistes, à nous publics. Merci pour l’amitié. Merci pour les colères. Merci pour les combats. Merci.”
Un hommage auquel s’ajoute aujourd’hui celui que l’on veut rendre à Colette Godard, critique de théâtre au Monde lorsque nous débutions dans le métier, qui s’est éteinte le 31 décembre à l’âge de 96 ans. Son regard clair, son style limpide et incisif, sa gentillesse intrinsèque auront été et resteront un phare éclairant nos nuits théâtrales et la brutalité des coups de boutoir d’une époque assombrie par la violence, le rejet de l’autre et la guerre.
{"type":"Banniere-Basse"}