Eclectique, polyglotte et résolument barbu, Devendra Banhart rameute ses amis
et ses voisins sur un beau disque pour l’automne.
Le hasard et la géographie font parfois bien les choses : c’est non loin de la maison dans laquelle Neil Young enregistra il y a plus de trente-cinq ans After the Gold Rush que Devendra Banhart a récemment choisi la sienne, nichée au cœur du Topanga Canyon, dans les collines du nord de Los Angeles. Sans le savoir, celui que seul Sébastien Chabal pourrait défier au concours du plus populaire barbu du moment s’est installé tout près des habitations de Chris Robinson (Black Crowes) et de l’acteur Gael García Bernal pour façonner Smokey Rolls down Thunder Canyon, son cinquième album.
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Rien d’étonnant donc à ce que celui-ci prenne au final des allures de grand rassemblement : de personnes donc (les deux artistes voisins sus-cités sont présents tour à tour sur le disque, ainsi qu’une poignée de musiciens fidèles et Noah Georgeson à la production), de langues (anglais, espagnol et portugais) et surtout de genres. Car Devendra Banhart prouve aujourd’hui qu’il est bien plus que le grand berger du pseudo-renouveau folk dont on lui a confié le rôle, mais plus largement un éminent monsieur de la world-music, chaque titre ici semblant rendre hommage à un pays, à une culture.
De la samba de l’Amérique latine de son enfance (Samba Vellixographica) au doo-wop noir américain de Shabop Shalom, Banhart confirme ici qu’il n’a ni patrie ni nationalité mais, au contraire, une infinie et luxuriante multitude de racines – le premier titre Cristobal, bien qu’interprété en espagnol, rappelle aussi, avec ses cordes vaporeuses comme échappées d’une kora, le lien qu’entrelacent les musiques d’Afrique et celles de Chine.
Enregistré avec ce qui semble être les simples moyens du bord – le son qui émane de l’ensemble évoque plus une vieille cassette audio qu’un lecteur MP3 –, Smokey Rolls down Thunder Canyon apparaît pourtant aussi comme le premier des albums de Devendra Banhart à préférer à la sobriété folk une exubérante parure d’instruments vintage. Tout ça fait de lui l’authentique disque ami de la rentrée, qui devrait tout l’automne vous tenir pour de bon par la barbichette.
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