Avec son premier roman graphique, la dessinatrice française signe un superbe plaidoyer contre la peine de mort mais aussi une performance artistique rare qui a touché le jury du prix BD Fnac France Inter.
Dans la short list du prix BD Fnac France Inter figuraient des gros clients tels que Journal inquiet d’Istanbul d’Ersin Karabulut ou Le Petit frère de Jean-Louis Tripp mais le jury, présidé par Rebecca Manzoni, a choisi à l’unanimité de récompenser une nouvelle venue qui a balayé la concurrence. Lors de la dernière rentrée de septembre, Perpendiculaire au soleil a surgi comme un inattendu outsider, plaçant d’autorité son autrice, Valentine Cuny-Le Callet, en tête des révélations de l’année. Il faut de l’audace pour s’embarquer dans un récit de plus de 400 pages en noir et blanc racontant sa correspondance avec un condamné à mort américain. Depuis l’âge de 19 ans, la dessinatrice française échange en effet des lettres avec Renaldo McGirth qui, dans sa prison de Floride, se bat pour réviser sa sentence.
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De leurs conversations est d’abord né l’essai Le Monde dans cinq mètres carrés (paru chez Stock en 2020) avant que l’attirance commune pour le dessin ne pousse la Française et l’Américain à construire un dialogue graphique. Comme le déplore Valentine Cuny-Le Callet, l’interdiction de tirer un profit financier du récit de son crime empêche McGirth de cosigner ce livre mais quelques-unes de ces peintures en couleur ponctuent cette BD à la fois documentaire et sensible. Cuny-Le Callet aligne, elle, les cases coup de poing et les gravures poétiques, faisant de ce plaidoyer contre la peine de mort une œuvre bouleversante et jamais plombante. Une grande autrice est née qui n’a pas peur de s’attaquer, à travers l’art, à des sujets graves.
Perpendiculaire au soleil, de Valentine Cuny-Le Callet (Delcourt), 436 p., 34,95€
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