Un inconséquent mashup stylistique qui ne parvient pas à maquiller sa platitude formelle.
Après la mort de sa femme, un homme (Denis Ménochet) prend refuge dans son chalet familial au cœur des Alpes italiennes. Bientôt bloqué par une tempête de neige, il trouve sur son chemin une jeune femme afghane (Zar Emir Ebrahimi, prix d’interprétation féminine au dernier Festival de Cannes pour Les Nuits de Masshad) qu’il va accompagner pour rejoindre la frontière française.
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À la croisée d’une multitude de références, le premier long métrage de Guillaume Renusson se veut à la fois tout et son contraire, convoquant aussi bien le western classique américain, le réalisme sec et atone d’un cinéma français d’action en vogue à la Jimenez (Bac Nord, Novembre) ou Gozlan (Boîte noire) que le spectre d’Essential Killing qu’il tente de réveiller (à celles et ceux qui veulent s’épargner la vision du film, il leur suffira de comparer les deux affiches).
Mashup enneigé
Du survival éblouissant de Jerzy Skolimowski, Les Survivants n’en réinvestit (et de très loin) que son motif pictural (un corps face à la neige) qu’il déleste de son entêtante dimension expérimentale, mais surtout de la résistance et de la douleur de l’organisme face à l’extrême brutalité de la montagne. Le film dilue totalement ce sujet dans une narration saturée de pesanteurs psychologisantes et symboliques sur son personnage principal (sauver une vie pour faire le deuil de sa femme qu’il n’a pas pu sauver). Plutôt que de filmer sérieusement l’hostilité de la nature, le récit choisit alors pour obstacle une horde de fachos italiens de Génération Identitaire qu’il évide de toute complexité.
On ne saurait pourtant reprocher à Guillaume Renusson de ne pas réinvestir avec autant de virtuosité le survival que le cinéaste polonais. Le souci majeur de ce grand empilage de styles, c’est que chaque nouvelle ramification vient paralyser la précédente, voire la contredire et débouche sur un inconséquent mashup esthétique qui ne parvient pas à maquiller la cruelle platitude formelle du film.
Les Survivants de Guillaume Renusson avec Denis Ménochet – en salle le 4 janvier
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