L’immense Depardieu croqué par Mathieu Sapin dans un ballet cartoonesque léger et inattendu.
La relation entre Mathieu Sapin et Gérard Depardieu a débuté par une commande d’Arte au dessinateur. Celui-ci devait chroniquer le tournage d’un documentaire suivant l’acteur sur les traces d’Alexandre Dumas en Azerbaïdjan.
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De fil en aiguille, Gérard Depardieu a accepté la proposition de Mathieu Sapin de lui consacrer une bande dessinée. Le duo s’est ainsi fréquenté pendant cinq ans, et Mathieu Sapin, renfilant son habit de petit reporter après Journal d’un journal, Campagne présidentielle et Le Château, a croqué l’acteur, tantôt chez lui à Paris, tantôt en voyage à Moscou ou un peu partout en Europe au gré de divers tournages dont le film Le Divan de Staline.
Un personnage plus grand que nature
Que l’on s’intéresse ou non à Gérard Depardieu, ce récit est passionnant par son entrain, son humour, son recul. Plus encore que le portrait de l’acteur, sans surprise et fidèle à son image – le langage cru, les coups de gueule, les engouements improbables, la culture débordante, l’amour de la bouffe… –, c’est l’incroyable odyssée de Mathieu à ses côtés qui est captivante.
Immergé dans cet univers loin d’être toujours serein, le dessinateur se débrouille comme il peut pour parvenir à suivre ce personnage plus grand que nature. Il est difficile de qualifier leur relation d’amitié, car jamais Mathieu ne semble en mesure de savoir à quoi s’en tenir avec l’acteur.
S’efforçant d’être discret sans pour autant être timoré, le reporter n’en commet pas moins quelques gaffes et on tremble chaque fois pour lui, oscillant entre rire et malaise. Malicieux, avec son œil exercé auquel rien n’échappe (un point commun avec Depardieu), Mathieu Sapin n’épargne ni l’acteur, ni lui-même. Une scène clé à la fin du livre les montre s’interroger l’un l’autre sur l’honnêteté de ce travail.
Un humour pince-sans-rire
Le dessin, moins réaliste que dans les carnets de croquis (quelques pages en sont reproduites dans l’album), les transforme en héros de cartoon et crée évidemment une distanciation, tout à fait adéquate pour rendre ce personnage hors du temps, hors de la vie réelle.
Enfin, surtout, l’humour pince-sans-rire de Mathieu, omniprésent jusque dans de petits apartés dans les marges, rend le récit pétillant, léger, inattendu. Et l’on découvre enfin, à la fin de l’album, la signification du mystérieux tatouage “chapouf” qui orne le bras de Gérard Depardieu…
Gérard – Cinq années dans les pattes de Depardieu de Mathieu Dejean Dargaud, 160 pages, 19,99 €
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