La grande révélation de cette fin d’été : le Canadien Patrick Watson émerveille
avec son album « Close to Paradise ». Il sera au Festival des Inrocks.
L’effet quasi surnaturel que provoque Close to Paradise, le deuxième album de Patrick Watson, réside dans une association hétéroclite entre songwriting folk, musique improvisée, electronica discrète, chants de sirènes, bouffées beatlesiennes et harmonies classiques. Chez d’autres, moins pointilleux quant à la décantation et l’association de tous ces arômes contradictoires, le résultat pourrait vite tourner à la piquette postmoderne ou au péplum aux pieds de plomb. Mais Patrick Watson possède une vraie recette qui est la marque des très grands.
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Pour l’élévation, Watson peut compter sur sa voix, qui hantait récemment le très bel album de The Cinematic Orchestra. Une voix capiteuse qu’il fait souvent démarrer en rase- mottes avant de la percher très haut, comme un Buckley mais sans maniérisme exagéré, comme un Thom Yorke mais sans le goût des cimes imprenables, avec une certaine modestie empreinte d’une véritable humanité.
Ce qui distinguera toujours un songwriter honnête (mettons Josh Rouse) d’un magicien, c’est cette façon de faire entrer à l’intérieur de l’espace confiné d’une chanson des paysages entiers, des scènes panoramiques, des éléments naturels déchaînés, tout un fatras de choses diverses qui trouvent naturellement leur place, se fondent les unes dans les autres, s’harmonisent comme par enchantement. La pochette de Close to Paradise, qui est d’ailleurs l’œuvre de Brigitte Henry, illustre parfaitement l’ambition de ce groupe de mettre l’univers en bouteille.
La quiétude apparente de leurs chansons n’est qu’une vitrine en trompe l’œil, car à l’écoute de Giver, Luscious Life, Sleeping Beauty ou du bien nommé The Storm, on perçoit vite les tumultes qui agitent l’arrière-boutique, le chaos à l’intérieur de la bulle. Lorsqu’on constate que 90 % environ de la production rock repose sur un phénomène inverse (beaucoup de bruit en surface pour un creux abyssal à l’intérieur), un disque comme celui de Patrick Watson n’a aucun mal à afficher sa distinction.
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