Entre deux saisons, “The Witcher” revient avec un préquel de quatre épisodes, largement dispensables.
En attendant une troisième saison qui verra Liam Hemsworth reprendre le rôle titre laissé vacant par Henry Cavill, The Witcher s’offre une saison en forme de spin-off, histoire de cajoler des fans endeuillé·es et surtout de combler le vide, synonyme d’extinction passagère pour des exploitants de franchise forcenés toujours à l’affût de “nouveaux contenus”.
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La série de fantasy de Netflix, adaptée de la saga littéraire du Polonais Andrzej Sapkowski, élargit ainsi son univers avec cet Héritage du sang, mini-série en quatre épisodes se situant 1200 ans avant les événements relatés dans les deux premières saisons de The Witcher. Une volonté assumée pour le géant du streaming de faire de sa série à succès une vache à lait, quitte à combler le vide par du vide.
Extension du domaine du fan-service
Son succès, la série le doit moins à ses qualités intrinsèques (en a t-elle?) qu’à son matériau d’origine : les livres de Sapkowski d’abord, mais surtout la saga de jeux vidéo qu’en a tiré le studio polonais CD Project Red, et notamment son troisième épisode, écoulé à plus de 40 millions d’exemplaires. Loin des ambitions démesurées de The Witcher 3, vaste jeu de rôle en monde ouvert admirablement bien écrit, la série lancée en 2019 apparaissait comme un petit objet insignifiant, cheap et mal foutu, rétrécissant sensiblement un univers pourtant luxuriant.
Mais le fan-service a ses raisons que la raison ignore, et en dépit de défauts pourtant décriés, les deux premières saisons ont rencontré un immense succès, propulsant la série parmi les plus regardées et – allez savoir ce que ça veut dire – les plus “demandées” de Netflix, chiffres clamés haut et fort à l’appui.
L’Héritage du sang réalise la prouesse d’être encore plus cheap et mal foutu que les deux saisons précédentes. Et pour cause, plutôt que suivre les aventures modérément épiques d’un Sorceleur (ces chasseurs de monstres qui donnent leur nom à la saga), cette saison de remplissage joue le jeu du prequel et nous aspire dans un monde elfique en perdition, un millénaire avant la première saison de The Witcher, pour relater les événements ayant conduit à la “conjonction des sphères”, lorsque le monde des hommes, des elfes et des monstres ont fusionné pour ne faire plus qu’un.
Des ambitions irréalistes
Le programme dosé en bouleversements historiques semble hors de portée des ambitions, autant budgétaires que narratives, des créateurs de la série – d’autant plus au sortir d’un automne placé sous le signe de la fantasy, phagocyté par les mastodontes House of the Dragon et Les Anneaux de Pouvoir et leurs dizaines (ou centaines pour la seconde) de millions de dollars de budget.
Il serait néanmoins malhonnête de réduire la déroute de L’Héritage du sang à des questions pécuniaires, tant la série est laide visuellement (autant dans ses effets numériques d’un autre âge que dans sa direction artistique extrêmement commune) et pauvre dans son écriture. On y suit un groupe de héros répondant aux archétypes increvables de la fantasy – un barbare rustre, une barde fourbe et une magicienne mystique (Michelle Yeoh, qu’on espère là pour cachetonner) –, embarqué dans une quête censément épique, en réalité parfaitement banale, dans un monde elfique auquel on ne croit jamais et qui parvient à être conjointement trop simpliste et suffisamment confus pour nous perdre. On finit ensevelis sous un flot de noms propres et autres toponymes imprononçables, qu’on oublie à peine entendus.
The Witcher : L’Héritage du sang. Sur Netflix.
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