Articulant tendance TikTok flashy et silhouettes Y2K disponibles sur Depop ou Vinted, le style accessible de l’assistante de la millionnaire Tanya McQuoid est le plus moqué des internets. Décryptage du matraquage contre le (non-)sens de la mode de cette girl next door 4.0.
T-shirt enfantin bicolore, jupe patchwork, larges lunettes à monture parme et casquette surmontée d’un foulard aux imprimés 70s : ce layering haut en couleurs n’est autre que le look du personnage de Portia, interprété par Haley Lu Richardson dans la seconde saison de la série satirique The White Lotus. Et d’après Twitter, ce look est le pire de tous. “Malheureusement ce large foulard plombant la casquette ne cache pas cet affreux sac qui doit contenir l’ensemble de son horrible garde-robe”, peut-on par exemple lire sur le réseau social.
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Nouveau visage de cette deuxième saison de la satire des ultra-riches écrite par Mike White, la jeune fille issue de la classe moyenne accumule les fashion faux-pas, donnant lieu à des classements ironiques sur les internets où le show se prolonge à grands renforts de commentaires.
Bikini zébré combiné à un boléro en tricot multicolore, sweat-shirt délavé à message, robe néo-lolita vichy portée avec des Converse ou legging imprimé galaxie et sandales à plates-formes blanches : ce pot-pourri GenZ est décortiqué et l’objet de mèmes comparant au mieux les looks de Portia à la silhouette maladroite d’Hilary Duff dans la série Y2K Lizzie McGuire, au pire à E.T., soit une jeune fille estampillée Disney et un extraterrestre.
Dans cette grande course aux comparaisons les moins flatteuses, Portia détrône tous les autres personnages. Il n’y a que peu d’intérêt pour les robes moulantes Dolce & Gabbana, le sac Valentino et les plates-formes Betsey Johnson de Tanya McQuoid, interprétée par Jennifer Coolidge, tandis que les deux amies Lucia et Mia, à la sexualité affirmée, sont hissées en icônes dans leurs mini-robes assorties. Les personnages masculins sont quant à eux peu critiqués sur leur apparence : pourtant que penser de Jack, néo-bad boy au dressing inspiré par la téléréalité, du look normcore d’Albie ou encore de la chemisette imprimé palmiers de Cameron ?
Pas cool de vouloir être cool ?
Dans une interview accordée au New York Times, la costumière du show Alex Bovaird, également derrière les looks du film Nope de Jordan Peele, explique : “Portia est un peu en désordre. Elle n’a pas d’argent, fait de mauvais choix et passe tout son temps sur TikTok. Nous voulions donc que ses vêtements le reflète. Elle essaie juste de se sentir vivante et de comprendre comment elle s’intègre dans le monde.”
Personnage entre les mondes, mi-ado, mi-adulte, la voici parachutée dans un luxueux hôtel sicilien, cherchant à s’affirmer par son look. Les spectateur·rices assistent à ce making-of, qui renvoie à l’image d’une adolescente perdue dans un grand supermarché du style qu’est TikTok, où se mélangent les époques, le minimalisme et les couleurs pop, la fast-fashion et le vintage.
Plutôt que de jouer sur la mimesis haute et de renvoyer aux spectateur·rices une image suscitant l’admiration, Mike White et Alex Bovaird font du vêtement le canal d’une mimesis basse renvoyant chacun·e à ses incertitudes. Ce personnage next door évoque également l’angoisse commune qu’est la mode, soit “un lieu où il faut qu’essayer d’être à la mode soit invisible”, comme l’écrit le chercheur Otto Von Busch dans Hacking Fashion. Dans cet exercice, le personnage de Portia est sans doute le plus attendrissant.
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