Ecrivain, poète, reporter, metteur en scène toujours engagé politiquement, Armand Gatti est mort le jeudi 6 avril à l’âge de 93 ans à l’hôpital Begin de Vincennes.
Gatti le poète aimait les arbres, il aimait leur parler, leur lire des textes de Gramsci, il était à leur sujet intarissable : « Ô forêt, seul langage inventé par la terre pour parler au soleil« , écrivait-il dans le poème dédié à Georges Guingouin, le maquisard de Haute-Vienne. Il aimait les oiseaux aussi.
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Celui que De Gaulle appelait « le poète surchauffé« et qui avait interdit les représentations de sa pièce La Passion en violet, jaune et rouge au Théâtre National de Chaillot, qui mettait en scène le général Franco en 1968, est l’auteur d’une œuvre vaste et hétéroclite.
Une véritable épopée du siècle
Après avoir reçu en 1989 le Grand Prix National du Théâtre, la légion d’honneur 1999, il est fait en 2004 Commandeur des Arts et des Lettres, et reçoit en 2005 le Prix Théâtre 2005 de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques pour l’ensemble de son oeuvre qui est une véritable épopée du siècle, une interrogation sur les possibilités s’offrant à l’homme de devenir « plus grand que l’homme« .
De son vrai nom Dante Sauveur Gatti, Armand Gatti est né le 26 janvier 1924 à Monaco. Il passe son enfance dans le bidonville de Tonkin avec son père, Augusto Reiner Gatti, balayeur, et sa mère, Laetitia Luzano, femme de ménage. Il est fils d’un anarchiste italien et d’une franciscaine.
Journaliste au Parisien Libéré, reporter couronné par le Prix Albert-Londres en 1954, puis à Paris-Match et d’autres journaux, il fut aussi auteur, dramaturge, metteur en scène de textes dont notamment Le Crapaud Buffle, le Poisson Noir, La Vie Imaginaire de l’éboueur Auguste G., Chant public devant deux chaises électriques, Les Treize soleils de la rue Saint-Blaise, Le Cheval qui se suicide par le feu, Rosa collective, La passion du général Franco, Le chant d’amour des alphabets d’Auschwitz…
Réalisateur, seul son premier film, L’Enclos, présenté à Cannes en 1961 rencontra un certain succès, les suivant El Otro Cristobal, Le Passage de l’Ebre en Allemagne, Nous étions tous des noms d’arbres reçurent un accueil moins enthousiaste.
« Mais d’où diable tombait-il ? »
De Gatti, Henri Michaux disait à propos de leur première rencontre : « Depuis vingt ans parachutiste, mais d’où diable tombait-il ? » Aujourd’hui encore et malgré son décès, on se le demande. Le résistant, le déporté, l’évadé, le journaliste, le poète, le metteur en scène, l’infatigable voyageur toujours engagé politiquement mais avant tout animé par la force du verbe, a formé des animateurs, des artistes ou des cinéastes, tels les frères Dardenne.
Fondateur de la Maison de l’Arbre à Montreuil, l’auteur de La Parole Errante, roman fleuve ou livre monde autobiographique, est décédé ce 6 avril 2017 à l’âge de 93 ans. Son histoire pourtant ne fait que commencer, il suffit de tendre l’oreille vers la cimes des arbres.
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