De ses classiques réinventés aux cuivrés du récent Volta, le petit Elfe Islandais a comblé les fans avec puissance et grâce lors de son récent passage parisien. Récit.
C’est en fanfare que Björk a choisi d’investir l’Olympia, son wonderful Wonder Brass prenant à son compte l’intro d’un Earth Intruders martial et aérien, auquel succédait une impeccable suite homogénique débutant par The Hunter (sans fioritures, toujours hypnotique, semblant avoir été composé la veille) que complétait une séance de Joga (sans fioritures, toujours hypnotique, semblant…, lire plus haut).
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Et déjà on se souvenait que les concerts de l’Islandaise ont ceci de fascinant qu’ils réinventent chaque morceau à la mesure de la formation qu’elle s’est choisie pour les interpréter. Ainsi des montées de cuivres du Wonder Brass qui ne se contentent pas de reproduire les arrangements de cordes originels mais qui les retravaillent selon la méthode Verlaine (« ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait autres »). Ainsi des morceaux voltaïques qui changent de dimension en montant sur scène, plus cuivrés encore qu’ils ne l’étaient dans le laboratoire où ils ont été conçus (dont un bouleversant I See Who You Are), chargés d’un bruit blanc sournois car sous-entendu et enluminés par un Mark Bell discret et indispensable.
Autre surprise, c’est une Björk souriante et dansante qui enchaînait les « merci » et les « merci bien » dans une tenue elfique et arc-en-ciel qu’elle troquera pour une robe rose et blanc presque cannoise. Car même ce changement vestimentaire n’a rien d’anecdotique puisqu’il donna lieu à un interlude de rumba balkanique (si, si, de rumba balkanique) qui préparait un public déjà conquis à un feu d’artifice qui, à la réflexion s’est avéré dépourvu d’artifices.
Après un Bachelorette émouvant (émouvant car ne réussissant pas à le dompter, Björk se verra contrainte de le passer en force), arrivait la charge héroïque désormais attendue : d’abord le diptyque Hyperballad/Pluto, piqûre de rappel d’electro-pop barrée qui nous ramènait à l’époque où Björk n’était pas une institution mûre pour la salle Pleyel ; puis le Declare Independance (avec mention spéciale pour le prix de la meilleure blague de concert 2008, puisque l’Islandaise l’a présentée comme « une berceuse avant d’aller dormir ») hurlé entourée de sa garde prétorienne bigarrée dans un Olympia violemment joyeux, noyé sous un déluge de confettis dorés peu écologiquement corrects et devant un mur de drapeaux tibétains brandis par les fans (de Björk ? tapez 1 ; du Tibet, tapez 2 ; des deux ? tapez juste.).
En résumé, un concert à télécharger dans le souvenir de ceux qui y ont assisté.
Laurent Malet
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