Le chapitre 1 aura lieu du 9 au 18 décembre 2022 et sera accompagnée d’une série de rencontres et de lectures.
Les institutions sont des géantes aux pieds d’argile. Des géantes, par la frénésie communicationnelle qui les précède et les propulse en orbite par canaux digitaux démultipliés. Des corps vacillants, aux fondations friables donc, par la remise en cause dont elles sont l’objet en permanence : leurs histoires sont excluantes, leurs usages restent asymétriques et leurs fonctionnements, porteurs de sourdes violences. Et pourtant, brinquebalantes, elles perdurent. Si leur légitimité est attaquée de l’extérieur, le travail de réforme doit aussi être mené de l’intérieur.
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Cette tâche, le Palais de Tokyo s’y attelle : cela prend la forme, jusqu’au 18 décembre, du premier chapitre d’un processus au long cours. Son nom ? Le Grand Désenvoûtement (chapitre 1), un examen prenant la forme d’une exposition, de performances et de conférences, porté par le directeur des lieux Guillaume Désanges et la commissaire Adélaïde Blanc. Soit un exercice de “psychothérapie institutionnelle”, inspiré des pratiques et mouvement nés dans les années 1940 sous l’égide du psychiatre François Tosquelles et du travail mené à la clinique de Saint-Alban en Lozère. Comme mot d’ordre : soigner les institutions, avant de soigner les individus.
Au niveau -1 du Palais de Tokyo, une frise chronologique et un moodboard explicitent les histoires et mécanismes latents du lieu. Des œuvres, également, où l’on retrouve la collecte de témoignages de Carla Adra, recueillis auprès des équipes et oralisées par des performeurs et performeuses, la caravane et ancienne billetterie transformée en “machine à faire bifurquer les narrations hégémoniques” par Youri Johnson, ou encore le jeu dont vous êtes le héros d’Hito Steyerl, douze récits décentralisés et autant de scénarios dessinant au sol des alternatives aux sentiers battus de la création. Cette dernière intervient sous l’égide de son collectif Département de Décentralisation, orienté vers les logiciels en accès libre, où l’on retrouve un écho aux appels récents à une “critique infrastructurelle”, du théoricien Bassam El Baroni. Si l’autonomisation des institutions reste une ligne de mire, l’entreprise de réforme à plus court terme trouve ici une première incarnation possible.
Édito initialement publié dans la newsletter art du 13 décembre
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