Kiju Yoshida était l’un des cinéastes japonais les plus révolutionnaires des années 1960. Il est mort ce 8 décembre, à 89 ans.
Le cinéaste Yoshishige Yoshida (aussi appelé Kiju Yoshida), est mort à Tokyo ce 8 décembre. Si l’on associe souvent son nom à la Nouvelle Vague japonaise du début des années 1960, aux côtés de Nagisa Ōshima et de Masahiro Shinoda, lui tenait à s’en distinguer. Il ne s’identifiait pas à ce mouvement, même s’il avait débuté comme critique dans une revue qu’il avait fondée avec Oshima.
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Après des études de lettres françaises et de philosophie (il aimait beaucoup Sartre), il entre un peu par hasard dans un studio japonais (sur concours…), et assiste Keisuke Kinoshita avant de tourner son premier film en 1960, Bon à rien. En 1962 puis en 1969, il signe deux chefs-d’œuvre : le narusien La Source thermale d’Akitsu, puis un film d’une beauté formelle sidérante, Eros + Massacre, deux films très tourmentés, dont le second a été tourné en totale indépendance, Yoshida ayant fondé sa propre maison de production. On trouve dans Eros + Massacre – dont la version longue fut longtemps difficile à voir : 3h40 – le sel du cinéma de Kiju Yoshida : la provocation, politique et érotique, et un goût pour une forme théorique qui n’exclut pas les sentiments.
Deux sélections à Cannes
Après un séjour au Mexique, il s’éloigne du cinéma de fiction pour se consacrer à la réalisation de documentaires, notamment sur l’art, pour ne revenir sur le devant de la scène qu’en 1986 avec Promesse, présenté à Cannes dans la section Un certain un regard. Deux plus tard, il tourne Onimaru, une adaptation dans le Japon médiéval des Hauts de Hurlevent.
Il était aussi metteur en scène de théâtre et d’opéra. Il a vécu cinq ans en France, de 1990 à 1995. Son dernier film, Femmes en miroir, a été présenté à Cannes en 2002 en compétition officielle. Notre critique et ami Serge Kaganski l’avait alors décrit comme “un bouleversant et douloureux poème”.
En 2004, les éditions Actes Sud publient son ouvrage consacré à l’un des plus grands maîtres du cinéma japonais : Ozu, l’anti-cinéaste. Quant à ses films, ils sont édités en DVD et Blu-ray en France par Carlotta.
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