Une page se tourne au Rond-Point. Lundi 12 décembre prochain, Jean-Michel Ribes, l’emblématique patron du théâtre parisien, donne son pot de départ après 22 ans de direction, avant de céder la place à Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel (l’ancien duo du Monfort) qui prendront leurs fonctions début janvier.
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Et ce n’est pas rien, évidemment. Parce que le théâtre du Rond-Point est le théâtre du Rond-Point, à savoir une salle au fonctionnement unique en France, ni vraiment public, ni vraiment privé (la part de subventions représente 45 % de son budget qui plafonne à 9 millions d’euros). Parce qu’au fil des mandats Ribes, le 2 bis de l’avenue Franklin Delano Roosevelt est devenu un lieu incontournable dédié à l’écriture contemporaine, convoité par les artistes de tous bords. Et parce que son directeur laisse derrière lui un héritage aussi bigarré que ses costumes (déroutants), et aussi complexe que sa sensibilité (insaisissable).
On trouvait de tout au Rond-Point, absolument tout. C’était sa force. Indéniablement, ces dernières années, le multiplexe théâtral ronronnait, à cause d’une programmation prévisible, à force d’affiches insuffisamment tournées vers l’international, la radicalité et la jeunesse, à cause de seul·es en scène et de boulevards franchement dispensables. Soit. Le symptôme est typique des fins de règne, et celle-ci fut longue. Mais n’oublions pas que Jean-Michel Ribes et ses équipes donnèrent à des artistes formidables l’occasion de trouver un large public (et à un large public l’opportunité de découvrir des artistes formidables). Citons Les Chiens de Navarre, Sophie Perez et Xavier Boussiron, Pauline Bureau, Pierre Guillois, Nicolas Bouchaud, Pippo Delbono, Emma Dante… La liste est longue.
Le Rond-Point amplifiait la notoriété de certain·es, quand il permettait à d’autres de sortir la tête de l’eau, déridant au passage les spectateur·trices du public et tirant vers le haut celles et ceux du privé. Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel auront la mission de prolonger cet héritage, en le renouvelant. Le duo a fait ses preuves au Monfort et au festival Paris l’été. Mais la tâche qui les attend est peut-être la plus difficile de leur carrière.
Édito initialement paru dans la newsletter Scènes du 6 décembre
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