Manga, western, comics ou pépites franco-belges… Grâce à des rééditions précieuses, voici dix occasions de redécouvrir des pans du patrimoine de la BD.
Franquin et Lagaffe réunis
La première édition de ce livre d’entretiens avec le créateur de Gaston Lagaffe atteignait des sommes folles sur les sites de VPC. 36 ans plus tard, cet ouvrage essentiel est heureusement réédité, permettant au plus grand nombre de se nourrir de la parole et des états d’âme de Franquin, ici interrogé en toute décontraction par le spécialiste de la bande dessinée Numa Sadoul.
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Et Franquin créa La Gaffe par Numa Sadoul et André Franquin (éditions Glénat), 432p., 39€
Un western différent
Collaborateur du New Yorker, Garrett Price entame en 1933 une série western qui, près d’un siècle plus tard, a gardé toute sa fraîcheur. On y suit en effet l’intégration d’un ado blanc au sein d’une tribu amérindienne. Cette évocation de la vie dans l’Ouest américain, toute en couleurs, est rendue encore plus fascinante par le grand format du livre.
White Boy de Garrett Price (éditions 2024), 104p., 35€, traduction de l’anglais (États-Unis) par Marc Voline
Un manga aquatique
Pendant l’été, la collégienne Ruka croise deux garçons et excellents nageurs qui ont été élevés par des mammifères marins, des dugongs. En parallèle, des espèces de poisson disparaissent subitement. Marqué par Mon Voisin Totoro de Miyazaki, Daisuke Igarashi a créé en 2005 cette série à la fois poétique et mystérieuse.
Les Enfants de la mer vol.1 de Daisuke Igarashi (Delcourt), 336p., 15€, traduit du japonais par Géraldine Oudin
La peur, bonne conseillère
Il s’agit ici d’un livre illustré plus qu’une BD mais son auteur, Gus Bofa, a un fan-club de VIP (Tardi, Berberian ou de Crécy). On comprend pourquoi à la lecture de cette Symphonie aussi sarcastique que lucide. Deux ans avant la Seconde Guerre mondiale, le dessinateur-écrivain français ironise sur la peur, moteur de l’humanité, en tout cas pour qui sait l’exploiter.
La Symphonie de la peur de Gus Bofa (éditions Cornélius), 152p., 32,50€
Culture pub
En 1986, alors que les auteur·trices de BD sont constamment dragué·es par les marques, Alain Lachartre publie l’anthologie Objectif Pub. Si on retrouve dans cette nouvelle édition certains dessins iconiques (comme celui de Chaland pour le chocolat Poulain), le livre a été repensé et mis à jour avec Charles Burns, Marion Fayolle ou encore Ugo Bienvenu.
Objectif Pub d’Alain Lachartre (Champaka éditions), 264p., 70€
Les bêtises de deux garnements
Sur une île imaginaire, deux garçons, Pam et Poum, ne pensent qu’à commettre des farces aux dépens du Capitaine, un faux marin et vrai fainéant, ou de tante Pim. Publiée en France dans le Journal de Mickey à partir de 1938, la série de strips Pim Pam Poum (The Katzenjammers Kids en VO) est une savoureuse suite de gags burlesques, à redécouvrir comme l’équivalent comics de Charlot.
Pim Pam Poum tome 1 d’Harold Knerr (Urban Comics) 256p., 26€, traduction de l’anglais (américain) par Tristan Lapoussière
Un sommet d’autobiographie
En 1996, le dessinateur français Fabrice Neaud entreprend un projet autobiographique encore sans égal aujourd’hui. Dans ce Journal réédité en trois volumes avant la sortie en 2024 de pages inédites, il y raconte ses doutes d’artiste, son homosexualité, ses rencontres amoureuses, s’appuyant sur un dessin à la puissance d’évocation jamais démentie.
Journal 1&2, Journal 3, Journal 4 de Fabrice Neaud (éditions Delcourt) 200p., 22,95€, 424p., 34,95€, 224p., 23,95€
Un classique du comics indie
Love & Rockets, la série des frères Hernandez créée en 1981, figure depuis longtemps au panthéon des comics US indépendants. Si elle a été publiée plusieurs fois en langue française, jamais un éditeur n’a entrepris une édition intégrale et chronologique comme le fait Komics Initiative. Les deux premiers volumes sont sortis, on attend la suite prévue en mars 2023.
Love and Rockets tome 1 et 2 de Jaime et Gilbert Hernandez (Komics Initiative) 296p., 28€ le tome, traduction de l’anglais (américain) par Marc Duveau
La clé d’un univers mystérieux
Alors que Les Cités Obscures fêtent leurs 40 ans, reparaît un des livres-clés imaginé par Benoît Peeters et François Schuiten. Dans L’Archiviste, Isidore Louis est chargé de rédiger un rapport sur le monde mystérieux de ces Cités aux histoires et architectures folles. Page après page, il perd pied face à un sujet d’étude qui l’engloutit. Une clé parfaite pour entrer dans une série unique.
L’Archiviste de Benoît Peeters et François Schuiten (Casterman), 64p., 25€
Les fantasmes d’un auteur espagnol queer
Figure de la movida barcelonaise au même titre qu’Almodóvar, le dessinateur queer Nazario a toujours défié les conventions et brisé les tabous. Sont réunies ici ses relectures audacieuses de contes et des récits érotiques qui bénéficient de son impressionnant talent pictural – après avoir marqué l’histoire de la BD, Nazario est devenu peintre.
Fabulosas de Nazario (Misma), 152p., 32€, traduction de l’espagnol par Damien et Guillaume Filliatre Borja
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