Sur Canal+, la création du SAS durant la Seconde Guerre mondiale vue par le scénariste Steven Knight. Fun et testostérone garantis.
L’Anglais Steven Knight aime décidément les histoires anciennes auxquelles il donne l’énergie du présent. Son grand œuvre qui s’ouvrait dans les années 1910, Peaky Blinders, suivait jusqu’à il y a quelques mois la vie d’un quartier de Birmingham et de sa communauté criminelle avec une folie propre absolument contemporaine.
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Sa nouvelle minisérie, Rogue Heroes, n’a peut-être pas l’ambition de sa devancière, mais elle regarde aussi vers le passé tout en nous faisant humer un air d’aujourd’hui, peut-être moins à travers ses thèmes que dans les démarches, les manières de parler, les attitudes. Les costumes n’ont pas simplement l’attrait du vintage ou du mythe, ils sont d’abord un prétexte pour capter l’éternelle sauvagerie des hommes, cette tendance que l’on savait en plein essor en 1941, moment où l’action débute aux confins de Tobrouk et du Sahara.
L’histoire racontée ici est celle du SAS, une sorte d’armée britannique parallèle ultra mobile faite de mecs peu fréquentables, qui s’est révélée décisive dans la guerre menée contre les nazis en Afrique dès le moment de sa création. Ce sont ses prémices que présente Steven Knight en six épisodes. Comme dans un western à l’ancienne – obsession manifestée et avouée du créateur –, il s’agit de former une équipe en allant chercher des cas plus moins désespérés, ceux qui n’ont rien à perdre et s’épanouissent dans la castagne, voire la douleur subie ou infligée.
Un monde rustre et masculin
Il faut un certain temps pour entrer dans ce monde rustre et franchement peu accueillant, en se posant comme toujours la question qui gratte : comment regarder aujourd’hui une série qui à ce point met en scène des hommes entre eux – on compte un personnage féminin, interprété par la Franco-Algérienne Sofia Boutella, qui fait ce qu’elle peut ? Knight ne s’excuse en rien de son parti pris, travaillé par une fascination pour la virilité la plus assumée. Il en cherche à chaque fois le point de rupture, ce moment où la pure violence l’emporte, avant que l’effondrement ne surgisse : la mort ou une blessure grave. Entamer un travail critique n’est pas vraiment son horizon. À prendre ou à laisser.
Rogue Heroes multiplie les coups d’éclat, entre bastons vénères, conversations ultra chaudes et scènes de guerre aux relents tarantinesques – on pense plus d’une fois à Inglourious Basterds, le style spécifique en moins. L’esprit du film d’aventure se mêle à celui du film de guerre, parfois pas si éloigné de beautés classiques comme La Patrouille perdue (1934) de John Ford, parfois plus anecdotique. Knight a une écriture de pure énergie, une manière d’avancer coûte que coûte dans le récit qui va bien à ses personnages. Malgré ses limites, cela donne un objet assez singulier dans le paysage actuel, proche d’un esprit de série B, où le trajet importe plus que la destination. Au bout du compte, l’exemple même d’une série à laquelle on ne peut pas demander d’être autre chose que ce qu’elle est.
Rogue Heroes de Steven Knight. Sur Canal+, le jeudi à partir du 1er décembre (21 h) et sur My Canal.
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