On a parlé de rock, de soul, de Marcel Aymé, de Youtube et de tacos.
Fondé il y a un peu plus de trois ans, au cœur de la ville de Renne, le groupe aux origines rock garage sort déjà son troisième album aujourd’hui : Slow Down. A cette occasion, on a papoté avec Thomas Dahyot, chanteur et guitariste du groupe.
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Vous avez désormais un nouveau batteur et un nouveau bassiste, tu peux me les présenter ?
Thomas Dahyot : Absolument. Deux nouveaux musiciens sont arrivés en janvier 2016 : Léo Leroux à la batterie et Wenceslas Carrieux à la basse. Bastien Bruneau Larche est passé de la basse à la guitare.
J’ai lu une interview sur le site « rennesmusique.com » où tu déclares : « Au tout début, c’était un groupe de garage, de la saturation dans la guitare et la voix. Progressivement, on est arrivé sur des choses un peu plus pop, rhythm and blues.” Vous en êtes où de cette évolution ?
Je pense que le blues est un peu présent pour tout le monde. C’est la base de la plupart des musiques populaires, et c’est difficile de s’en dédouaner complètement. Quand tu fais de la musique, à moins de faire du classique, tu en es toujours un héritier. On ne sera jamais noirs, on reste des blancs-becs, donc c’est notre façon à nous d’entrevoir et de faire de la musique afro-américaine.
Pour ce nouvel album on a choisi d’utiliser des cuivres dans la rythmique. On a également enlevé certains éléments pour obtenir une musique qui respire et qui joue sur les silences. Au début du groupe, c’était tout le temps tout le monde tous ensemble à fond la caisse. Mais on n’oublie pas les guitares pour autant !
Vous êtes originaires de Rennes, c’est une ville qui vous a influencée ? Je sais que vous travaillez avec plusieurs groupes rennais (Kaviar Special, The Valderamas)
Je suis très content de vivre à Rennes, c’est d’autant plus agréable qu’il s’y passe plein d’événements culturels. Je ne sais pas si ça nous influence directement mais ce qui est évident c’est que ça crée de l’émulation. On partage notre local de répétition avec les groupes que tu as mentionnés et on s’aide mutuellement, on est un grand groupe de copains. Mais est-ce que chacun s’influence musicalement ? Je n’en suis pas si sûr.
Votre nouvel album, Slow Down, sort le 31 mars. Vous le préparez depuis combien de temps ?
On a dû s’y coller aux alentours de mars-avril de l’année dernière. Donc cinq mois de boulot, de l’écriture jusqu’aux répétitions. Ce troisième album a vraiment été un travail commun, collégial, ce qui n’était pas autant le cas dans les précédents.
Sur les deux premiers albums tu étais l’unique compositeur. Sur celui-ci, Bastien et Wenceslas ont signé cinq morceaux à eux deux.
J’incite depuis le début Bastien à écrire des chansons. Pour Slow Down, il s’est mis à énormément écrire, je ne sais pas si c’est lié au fait qu’il ait changé d’instrument, ou s’il s’est senti investi d’une nouvelle mission. Il y a eu pas mal de tri, des bonnes chansons qui ont été écrites mais qui n’ont pas été mises sur le disque car elles s’y incluaient moins. Elles feront l’objet de sorties un peu plus tard, on a un 45 tours de prévu à la rentrée. Wenceslas a quant à lui écrit deux titres sur le disque, dont un qui donne son nom à l’album !
Comment s’est opéré le choix des onze titres ? Vous aviez une colonne vertébrale de ce que vous souhaitiez ?
On était dans une optique de faire des choses groovy, dans des contrées rythm and blues et soul. On a choisi d’éliminer les gros morceaux de rock garage qui nous semblaient moins cohérents. Je ne sais pas si ils verront le jour à un moment.
Le rythme de trois albums en trois ans est assez productif, c’est quelque chose que vous vous imposez ?
Je pense que l’on est jamais aussi productifs que lorsqu’on suit des objectifs. Si on est dans une espèce de latence on peut rapidement se complaire dans le fait de prendre son temps, d’être peinard sans avoir de but à atteindre. J’ai toujours aimé écrire des chansons et amener des choses aux camarades pour que l’entrain soit renouvelé. Le premier album est sorti naturellement, le second est venu de la même manière. C’était peut être un peu présomptueux d’enregistrer si vite le troisième avec des nouvelles personnes. Mais finalement je trouve qu’on a réussi à avoir quelque chose de très cohérent malgré un contenu très varié. On a également un métier à côté, à temps plein, ça ne laisse pas toujours le temps qu’on voudrait. Je pense qu’on va continuer comme ça, jusqu’à ce qu’on devienne professionnels de la musique et qu’on puisse en vivre, là on en fera deux par an, voire plus (rires).
Ce n’est pas trop dur de continuer à assumer cette double casquette, de musicien et professeur d’anglais?
On a tous des activités annexes, ce n’est pas toujours facile… En 2016 on a fait cinquante concerts, ça commence à prendre davantage d’ampleur et de temps. Tu fais un concert, tu dînes, tu rentres à trois heures du matin et tu te lèves trois heures après. Des fois j’aimerais avoir du temps pour écrire des chansons, mais je dois travailler. Et inversement. Si je ne faisais que de la musique je pense que j’écrirais beaucoup plus de chansons, et j’aurais d’autres projets à côté. Mais on ne s’en sort pas si mal.
Pour l’enregistrement vous êtes retournés aux studios Kerwax, pourquoi ce lieu ?
Ce lieu est tellement génial ! Ça a de la gueule, tu as des pièces avec des volumes magnifiques, c’est meublé avec goût et rempli de petites vieilleries des années 20 jusqu’aux années 70. C’est pareil pour le matériel d’enregistrement, il y a des instruments des années 30/40, de la seconde guerre mondiale, des années 50/60. Le mec est à l’écoute, calme, et sait très bien se servir de tout ça. C’était cool d’y retourner pour ça, construire des collaborations, des habitudes… Et puis le fait d’être en autarcie c’est génial. Tu es loin de chez toi pendant une semaine avec tes potes. C’est un peu la colo du rock.
Se confronter à ce type d’enregistrement, sur bandes, c’est un postulat qui est intéressant. C’est une manière d’aborder la musique, de jouer ensemble pour faire un tout. Si tu fais une merde mais que le morceau fonctionne tu mets ton égo dans la poche, tu es là pour servir le morceau. Dans le numérique tout est possible tout le temps, tu peux refaire/découper/ré-enregistrer… Là le choix est déjà fait rien qu’avec la manière dont tu t’installes dans la pièce. Si t’as envie de refaire ta prise de guitare tu ne peux pas car elle passe déjà dans les micros de la batterie. Enregistrer comme ça c’est assez honnête.
Il y a un titre de morceau en français, Le Passe Muraille, pourquoi ce choix ?
Le titre parle de l’histoire du Passe muraille de Marcel Aymé. C’est une nouvelle que j’adore et que je lis tous les ans. Huit pages merveilleusement bien écrites, fines, drôles. Cela m’a permis d’aborder le chant de manière différente, un peu plus parlé que chanter, plus fleuve. On est sortis des temps ramassés pour aller sur une chanson de plus de quatre minutes. On a eu de nouvelles contraintes, un cahier des charges différent.
L’esthétique, le graphisme, ce sont des éléments que vous travaillez beaucoup ? Je pense notamment à votre pochette d’album, dont la photo a été prise par Titouan Macé.
Notre look n’est pas du tout travaillé, chacun se fringue comment il a envie. Au niveau des visuels qu’on utilise, ça me semble ultra important oui. C’est la première chose que les gens voient dans un bac. La première pochette c’était un dessin, le second une photo (de Martin Parr). Là je me suis dis « il y a un nouveau groupe, j’ai envie que tout le monde soit au courant que ce sont ces personnes là« . On avait jamais fait ça et on s’est dit que c’était une bonne idée de mettre nos tronches, dans un cadre relativement sixties. Titouan vient de Rennes et fait de plus en plus parler de lui car il prend de très belles photos, notamment de lives.
Au niveau des clips, vous avez une ligne directrice ?
Tout l’album va être clipé, mais de manière très cheap, histoire de se jouer un peu de ce pli qu’on est presque obligés d’avoir. Etre musicien en 2017, il faut avoir du clip, sinon les gens ne t’écoutent pas. Je trouve ça un peu désolant… On va prendre un téléphone ou une webcam, faire des plans séquences, des trucs avec des situations un peu débile. Sur Chill pants on voit qu’on s’entend bien, il y a des gens qui m’ont dit « ça donne envie d’être votre pote » et j’ai trouvé ça trop cool à entendre, ça fait extrêmement plaisir.
Vous allez faire une release party au Point Ephemere le 1er avril, accompagnés d’une section cuivre.
Oui. Malheureusement le tromboniste n’est pas disponible mais on aura deux saxophones, un ténor, un baryton et une trompette. On a décidé de faire une release party à proprement parler, je trouve qu’il y a souvent l’appellation mais ce n’est ni plus ni moins qu’un concert. Nous on va faire ça pour honorer le disque : on va le jouer de A à Z, dans l’ordre, avec le maximum d’arrangements similaires. Et habillés comme sur la pochette. La soirée, c’est le disque.
Vous avez des scènes, des lieux qui vous font rêver pour la suite ?
Je veux bien jouer à l’Olympia (rires). Plus sérieusement, j’aimerais bien me retrouver dans un théâtre victorien, avec des balcons, du velours, je trouverai que ça a beaucoup de gueule. En terme de festival, This Is Not A Love Song. Ou aller faire une tournée aux USA tiens, pour aller manger des tacos.
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