Le 13 mars dernier, Karim Belhadj, un cinéaste de 38 ans a été arrêté par les autorités tunisiennes pour avoir eu une relation homosexuelle. La Société des Réalisateurs s’insurge et évoque un « acte de torture ».
Le réalisateur tunisien de 38 ans, Karim Belhadj, a été arrêté le 13 mars 2017 dans un appartement aux Berges du Lac de Tunis par la police en compagnie de son ami, un étudiant de 21 ans qui a reconnu avoir eu une relation homosexuelle avec lui.
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« Délit d’homosexualité »
Les deux hommes ont été incarcérés pour « délit d’homosexualité » à la prison civile de Mornaguia située à une dizaine de kilomètres au Sud-Ouest de Tunis. Le juge d’instruction a alors émis un mandat de dépôt contre eux puis a ordonné un test anal sur Karim Belhadj, censé prouver la sodomie (condamnable sur la base de l’article 230 du code pénal tunisien), que ce dernier a refusé. En effet, cet article, datant de l’époque coloniale, rend toujours passible d’emprisonnement les personnes « pratiquant la sodomie et le lesbianisme ».
Dans un article relayé par le site du Film Français, la SRF (Société des Réalisateurs de Films), a indiqué son soutien à Karim Beladj, condamnant « avec fermeté de telles pratiques et appelle à la libération immédiate des deux hommes« . Elle rappelle que « le test anal ordonné depuis quelques temps par les juges tunisiens est assimilé à un acte de torture. »
Un réalisateur reconnu
Diplômé de l’institut maghrébin de cinéma (IMC) en 2001, puis de l’École Supérieure des études Cinématographiques (ESEC) à Paris, Karim Belhadj a ensuite travaillé en tant qu’assistant réalisateur sur plusieurs courts métrages et spots publicitaires. Après avoir réalisé en 2011, S.O.S, un premier documentaire, il sort son premier court métrage de fiction Case départ en 2012, avec le soutien du ministère de la Culture. Le film évoque la difficulté du quotidien des diplômés de l’enseignement supérieur en Tunisie.
Mounir Baatour l’avocat du jeune étudiant de 21 ans confirme aux Inrocks qu’il s’agit d’un réalisateur engagé, notamment sur le thème de la lutte social de son pays. Il dénonçait la situation politique déjà bien avant l’arrivée de Ben Ali à la présidence en 1987. Me Baatour ayant lui aussi été arrêté pour « crime de sodomie » en mars 2013 puis condamné à trois mois de prison.
On apprendra la décision du juge sur cette affaire dans un peu plus d’un mois selon Mounir Baatour. Karim Belhadj risque jusqu’à trois ans de prison.
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