Un roman de 1947 posait déjà toutes les questions féministes. Adoubé par Mona Chollet, qui en signe la préface, “La Paix des ruches” d’Alice Rivaz est à lire d’urgence.
La charge mentale, le harcèlement de rue, la double journée de travail, le mansplaining. Dans ce roman publié en 1947, l’autrice suisse Alice Rivaz semble avoir repéré nombre de problématiques qui nous occupent aujourd’hui. Les éditions Zoé ont la bonne idée d’en proposer une réédition préfacée par Mona Chollet.
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La narratrice – Jeanne, secrétaire – s’aperçoit qu’elle n’aime plus son mari et sa désillusion la conduit à réfléchir sur les relations hommes-femmes. En observant sa vie et celle de ses amies, elle décortique les rouages du patriarcat et débusque les injustices imposées aux femmes. Ce qui frappe dès ses premiers mots, c’est sa colère. “Tout est déjà là, toutes ces notions pour lesquelles les féministes devaient par la suite inventer des termes”, souligne Mona Chollet. L’autrice de Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles, remarque en particulier ce que la narratrice dit du couple : “Je me retrouve totalement dans le mélange d’acuité impitoyable et d’espoir obstiné que manifeste Jeanne.”
Tout autant que les thèmes abordés, l’humour rageur d’Alice Rivaz rend ce livre particulièrement moderne. Il faut lire sa description des collègues de bureau lourdement dragueurs, et les réflexions de ses personnages féminins. “Parfois je me demande : qu’avons-nous à faire avec de tels fous ?”, s’interroge la narratrice. Et une jeune voisine déplore, à propos des hommes : “Là où vous imaginez qu’il y a quelque chose, en général, il n’y a rien. Oui, croyez-moi. […] Mon mari ne pensait à rien, ou peut-être à une cravate, une boîte d’allumettes.”
La Paix des ruches d’Alice Rivaz. Préface de Mona Chollet (Zoé), 144 p., 16 €
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