Bakchich se lance en kiosque.Comme d’autres organes de presse, il cherche l’alliance magique entre web et papier.
Dans le marasme économique que traverse la presse écrite, cette rentrée scolaire est un laboratoire où chacun cherche l’équation qui lui permettra de garder la tête hors de l’eau. Alors que les nouvelles formules de quotidiens (Libération, Le Figaro) tentent de relancer une diffusion morose, les sites d’info pure player commencent à lorgner du coté des kiosques.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Premier à plonger dans l’aventure papier, bakchich.info lance sa version imprimée le 23 septembre. Un hebdomadaire de 20 pages à 1,80 euros pour venir compléter l’offre et les revenus d’un site plombé par la défection des annonceurs sur le net. Le journal satirique fraîchement recapitalisé espère séduire entre 25 000 et 30 000 lecteurs sur le marché lucratif du mercredi, aux cotés de ses concurrents prospères que sont Le Canard enchaîné, Charlie Hebdo (qui inaugure une nouvelle formule) et Siné Hebdo (dont le premier hors-série est en vente ce mois-ci).
“Il y a clairement de la concurrence, reconnaît Nicolas Beau, le directeur de la rédaction, mais si on leur mange 10 000 lecteurs répartis sur les trois titres, pour eux ce sera indolore”. Et cela pourrait s’avérer salutaire pour le site qui joue quitte ou double sur une opération dont il ne pourra longtemps supporter les coûts sans retombées.
“Avec un contenu 100 % exclusif, l’hebdo proposera des enquêtes fouillées plus adaptées au confort du papier qu’à la navigation internet et des rubriques qui marqueront notre originalité. Par contre, on passe notre tour sur ce qui fait le coeur de la presse écrite française, ce serait grotesque de vouloir concurrencer Le Canard sur son contenu” explique Nicolas Beau. Le site sera recentré sur l’actu chaude et jouera à fond la carte du net, en multipliant notamment les contenus vidéo, et conservera une partie réservée aux abonnés.
Un pari qui pourrait s’avérer payant selon la spécialiste de l’économie de la presse en ligne, Danielle Attias : “L’internet n’est qu’un relais de croissance parmi d’autres, l’économie de médias comme Le Monde ou Le Figaro est encore largement basée sur le papier. Et Bakchich qui est déjà bien installé a tout intérêt à jouer la complémentarité en créant un ensemble cohérent entre le site et l’hebdo.” Le défi pour la rédaction de Bakchich résidera dans sa capacité à opérer sa conversion au papier. “A part Nicolas Beau qui a une large expérience de la presse traditionnelle, son équipe est assez jeune et n’a pas réellement la pratique et la culture du papier, remarque Danielle Attias. Or c’est un autre métier et le succès dépendra de leur aptitude à gérer cette nouvelle industrie.”
Une industrie qu’Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, lorgne avec intérêt. L’ex du Monde aurait lui aussi un projet d’hebdo papier pour compléter l’offre pléthorique de son site d’info sans pub, mais serait toujours en quête d’investisseurs. Après le retour au payant en vogue dans les journaux en ligne qui multiplient les offres premium, voici les prémices du retour au papier, qui reste le pilier éditorial et économique des grands journaux. La guerre que livre le net à la presse écrite traditionnelle pourrait bien se résoudre dans la complémentarité.
{"type":"Banniere-Basse"}