Premières impressions sur une vingtaine de minutes en projection presse d’Avatar, le nouveau James Cameron en 3D.
Il y avait foule au Gaumont Marignan pour découvrir une vingtaine de minutes d’images d’Avatar. On était partagé entre l’excitation de découvrir les premières images de James Cameron depuis Titanic (douze ans déjà) et la désagréable impression de se sentir déjà pris dans les griffes d’une gigantesque business machine. Contrôles à l’entrée (pas de caméra, pas de dictaphone !), présence du producteur Jon Landau, remercié de son déplacement par le distributeur français.Or, Landau n’est pas venu à Paris pour les beaux yeux des journalistes français mais pour vendre sa came.Avant de lancer les images, il a fait un long résumé du film avec un enthousiasme et un professionalisme de super-VRP, assaisonnant sa présentation de mots comme “excitation”,“évasion”, “technologie de pointe”,“rédemption… Un vrai prêche au service de la religion cameronaise. Au vu des cinq ou six séquences montrées, difficile de savoir si Avatar marquera une rupture épistémologique dans l’histoire du cinéma et des images ou s’il sera juste un blockbuster de plus. Sur ce que l’on a saisi de l’histoire, le film traitera des thèmes habituels du cinéma hollywoodien : nouvelles frontières, beautés et limites de la puissance impériale, fabrique de nouveaux héros, projections futuristes à partir de l’état actuel de la science (ici, la génétique et la biotechnologie). Visuellement,Avatar invente un monde qui ressemble à un croisement entre forêt tropicale, imaginaire préhistorique et éclairages de boîte de nuit high-tech. Ça balance entre le déjà-vu, le kitsch et de véritables éclats poétiques. La grande affaire du film sera peut-être ses personnages, mi-humains, mi-aliens (affublés de superbes queues félines au sujet desquelles on ne manquera pas de gloser), mi-comédiens, mi-effets numériques. Après Kate Winslet et Leonardo DiCaprio, le pari de Cameron sera peut-être de faire vibrer le public planétaire pour une histoire d’amour entre mutants qui ne seront pas joués par des vedettes identifiables. Entre l’humain et le non-humain, où est la limite au-delà de laquelle le spectateur ne projettera plus son désir pour un personnage de cinéma ? Dernier détail : l’une des séquences a eu du retard à l’allumage, suite à un petit bug. Ces grains de sable enrayant inopinément les processus technologiques les plus sophistiqués sont à la fois inquiétants (dans d’autres contextes, les bugs peuvent avoir des conséquences désastreuses), rassurants (l’imperfection est comme le signe que la technologie n’a pas encore dépassé l’humain) et réjouissants : que la présentation d’un film supposé incarner le nec plus ultra technologique soit troublée par une panne de projecteur (ou une erreur humaine), on ne peut s’empêcher de trouver cela amusant.
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