Organisée dans le cadre du festival » Les Femmes s’en mêlent », cette soirée a réuni dans un espace intimiste des artistes qui interrogeaient leur rapport à la féminité à travers des chansons, lectures, performances, choisies pour l’occasion.
Dans la petite salle parisienne de La Loge (XIe), assis par terre, une centaine de convives a pu profiter d’une succession de performances menées par des femmes artistes, chanteuses, actrices, danseuses, auteures, dessinatrices, humoristes : Émilie Flamant, Julia Huet-Alberola, Clara Luciani, Eye Haïdara, Nailia Harzoune, La Féline, Marina Foïs, Adeline De Monseignat, Fishbach, Fanny Sage, Alvina Lanselle, Crystal Dildos, Cécile de France, Sarah Stern, Nathalie Beder, Barbara Carlotti, Delphine de Vignan, La Grande Sophie, Katia Lewkowicz, Mika Tard, Ludivine Sagnier, Juliette Armanet, Aloïse Sauvage et Eloïse Van der Heyden.
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Le but était de cette troisième édition de » rien ne s’oppose à la nuit », intitulée « Constellation » programmée par Melissa Phulpin, Elodie Demey et Géraldine Sarratia était de créer des ponts entre ces artistes et le public, et le résultat était bien là. On a eu le sentiment d’être propulsé dans le film de John Cameron Mitchell, Shortbus, dans ce lieu où se retrouvent des gens et où plein de choses se passent… La comparaison a ses limites, puisque – on vous rassure ou vous déçoit – la soirée n’a pas fini en sexparty géante. Néanmoins on a eu la sensation d’avoir participé à un moment fort et privilégié de connexions artistiques et humaines.
Un autre espace, un autre temps
Elles avaient toutes carte blanche pour répondre à ces grandes questions : « Que signifie être une femme aujourd’hui ? Quelle est leur relation au féminin ? En quoi celle-ci interfère-t-elle dans leur rapport à la création ? »
Les réponses prirent donc la forme de performances, projections, lectures, chansons, danses, dialogues. Le format court de chaque scène – une dizaine de minutes – a créé un rythme particulier, et une atmosphère extrêmement détendue, bienveillante, intimiste, a émergé de cet ensemble finalement très cohérent et lumineux.
« C’est beau l’amour, tututu tututu »
Il serait impossible de raconter tout ce qu’il s’est passé ce samedi à la Loge, mais voici quelques moments, dans le désordre, pour essayer de partager un peu de l’énergie qui nous a traversée.
Munie d’un morceau de papier sur lequel on devine des paroles gribouillées, la chanteuse Fishbach nous offre une sorte de remixe karaokesque de Maman a tord de Mylène Farmer. Sa voix et ses pas de danses si 80’s se prêtent bien à l’exercice. Le public reprend en cœur : « tutu tu tututu« . Délaissant le papier, s’affranchissant du même coup de l’héritage de Mylène, Fishbach répète jusqu’à la fin du morceau « 1 C’est beau l’amour. 2 C’est beau l’amour. 3 C’est beau l’amour… » À sa demande express, le public se lève alors qu’elle commence son titre Eternité, et finalement se lâche un peu plus et danse sur Un autre que moi.
https://www.instagram.com/p/BSG5Cd7loj4/?taken-by=geraldinesarratia&hl=fr
Fanny Sage et Alvina Lanselle scotchent tout le monde avec leur duo danse et voix, improvisé mais vraiment superbe, transcendant. Cécile de France lit un extrait de La couronne verte, un roman de Laura Kasischke. L’extrait est assez dur et tranche avec la voix de l’actrice. On redescend : deux adolescentes américaines dans une voiture avec deux garçons, de l’alcool, possiblement de la drogue, et on sent que la suite de l’histoire n’est pas bonne pour ces deux filles.
Barbara Carlotti chante « Toutes les femmes sont hermaphrodites« , remonte sa robe noire très classe, et nous dévoile un badge de fleur agrafé à son collant à l’entre-jambe. Le public redécolle. Sarah Stern et Nathalie Beder jouent deux adolescentes, et dans une sorte de dialogue absurde, balancent des phrases que toute fille de 15 ans a déjà partagées avec ses copines : « C’est obligatoire à partir de quel âge les talons ? » Le public se bidonne.
https://www.instagram.com/p/BSI2wK7lhkx/?taken-by=geraldinesarratia&hl=fr
Pour l’occasion, Katia Lewkowicz et Mika Tard ont réalisé une vidéo, « Kings« , une semaine avant la soirée. On y voit Mika Tard, Cécile de France et Ludivine Sagnier se « dragkinger« , se mettre une barbe, des fringues de mecs et des chaussettes dans le pantalon. Et c’est parti pour une virée dans Paris, à un concert, puis dans un bar gay. Elles ressemblent à des surfeurs. Les cheveux blonds au vent, elles/ils tentent de draguer, c’est pas aisé. Ludivine Sagnier, mal dans sa peau d’homme, n’apprécie pas trop son nouveau look et de ne pas trop savoir quoi faire de ce nouveau corps, de ce nouveau personnage. Un court métrage bidonnant qu’on a hâte de voir en long.
Après avoir cherché suffisamment de coussins pour se rehausser sur sa chaise face à son clavier, la chanteuse Juliette Armanet offre une lecture puissante, vibrante et très incarnée, du texte de Sagan La vitesse. Elle conclut en interprétant deux titres, L’accident et Manque d’amour qui mettent le sourire aux lèvres.
« Femme est la nuit »
Pour résumer cette soirée, on peut dire que quelque chose a constellé, a fait relation, quelque chose comme la liberté. De la Loge, la petite troupe s’est déplacé jusqu’au Motel, un bar rempli d’étudiants dansant sur Desireless. On s’est rendu compte que les garçons type surfeur californien existaient encore bel et bien, et qu’il fallait au moins quelques shots de vodka gingembre pour se reconnecter au monde après toutes ces émotions qui nous avaient laissés dans un état ébahi et vaporeux. A 3 heures du matin, sur un trottoir parisien, un pacte a été signé : une sorte de serment à l’aventure et à la création, une ode à la sororité. Comme l’a chanté Dalida : Femme est la nuit.
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