Les jeux, ça coûte pas cher à produire et ça peut rapporter de grosses audiences. Crise oblige, les chaînes misent tout sur le divertissement… et TF1 en profite même pour nous refourguer La Roue de la fortune !
Après la déferlante de l’été (Le Juste Prix, Intervilles, Total Wipeout), les jeux télé attestent cette rentrée d’une présence toujours plus grande sur les grilles. Du côté des chaînes généralistes, c’est net : si TF1 a toujours consacré une place importante au divertissement, le service public vient cette année la concurrencer sur son terrain.
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Ainsi, alors que l’an dernier France 2 jouait la carte du talk-show avec Service maximum (une émission de conso présenté par Julien Courbet) pour contrer les jeux de TF1, elle a préféré cette année réemployer le même Courbet pour un jeu, En toutes lettres. Avec Nagui et N’oubliez pas les paroles, ça fait donc deux jeux en access prime time (la tranche 18-20 heures) sur France 2 face aux deux jeux de TF1, La Roue de la fortune et prochainement Tournez manège (avec Cauet…).
Bref, on ne va pas arrêter de jouer cette année. François Viot, auteur du livre Le Jackpot des jeux télé décrypte ainsi le phénomène : “Il n’y a pas longtemps, les jeux télé avaient une image dévalorisée et le présentateur était un peu considéré comme un animateur de supermarché. Maintenant, ils ont une image beaucoup plus sophistiquée. Il faut dire que la télé-réalité a beaucoup fait pour redynamiser les jeux et leur a donné un second souffle, notamment à travers le jeu d’aventures.”
Une frénésie ludique guidée avant tout par des motifs économiques: en pleine période de restrictions du côté des chaînes, les jeux représentent un rapport qualité-prix qui défie toute concurrence, les épisodes étant tournés par séries de cinq ou six sur le même plateau. Bilan : un coût total qui représente environ 10 % du budget d’une fiction.
La crise explique aussi le choix des formats, dicté par un souci de minimiser les risques d’“accident industriel”. Ce qui nous vaut d’assister à une vague de remakes des jeux des années 80 sur TF1, la nostalgie étant un filon qui a fait depuis longtemps ses preuves de rentabilité. “Ces jeux sont de véritables marques ancrées dans la mémoire collective, décrypte François Viot. Le public est quasi assuré d’être au rendez- vous.”
Seul changement notable de ces adaptations : un décor nettement plus bling bling (buzzers, lumières clignotantes, couleurs partout) et la marge de manoeuvre beaucoup plus grande de l’animateur, star de l’émission. François Viot : “Avant, l’animateur était très respectueux devant la mécanique du jeu et s’effaçait derrière elle. Aujourd’hui, ce sont eux qui font le show : c’est toute la différence sur La Roue de la fortune entre un Christian Morin et un Dechavanne.” France 2, elle, a choisi une autre recette sûre : l’adaptation d’un jeu étranger qui a fait ses preuves. En toutes lettres est ainsi adapté du jeu italien Passaparola, et N’oubliez pas les paroles de Don’t Forget the Lyrics diffusé sur la chaîne américaine Fox.
Alors, ringards les jeux télé ? Pas sûr : l’avenir du jeu semble se situer dans ses applications numériques qui connaissent un franc succès chez les jeunes. C’est la fameuse stratégie à 360° dont parlait Nonce Paolini, le big boss de TF1 : les produits dérivés, loin de la traditionnelle boîte de jeux ou du mug, se déclinent sur toutes sortes de supports, suivant une stratégie de cross media très développée. Sur le net, les jeux sont disponibles dans des versions gratuites ou payantes. Tout le monde veut prendre sa place génère ainsi plus de 300 000 visiteurs par jour, dont 5 à 6 % payent leur partie. La version de Fort Boyard pour Nintendo DS a été vendue à 250 000 unités, et on peut jouer sur son téléphone portable à Qui veut gagner des millions ? Un marché qui rajeunit le jeu télé et lui promet un bel avenir : sur le net, le joueur médian est un garçon de 27 ans alors que pour la version télé, c’est une femme de plus de 50 ans. A qui le tour ?
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