C’était il y a 25 ans. Jean-Marie Straub, décédé dimanche, s’en prenait violemment à un essayiste fanatique du numérique, sur le plateau du “Cercle de minuit” sur France 2, émission culturelle de Laure Adler, en 1997.
Quiconque prétend avoir connu Jean-Marie Straub et ne s’être jamais fait “engueuler” par lui est un·e mythomane. Straub n’était pas méchant, mais il était batailleur, convaincu, bretteur, s’emportait. Mais jamais dans la haine – contrairement à ce que décrit son interlocuteur dans cette vidéo, qui date de 1997, où la combativité du cinéaste vient à bout des nerfs de l’intellectuel.
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Oui, Jean-Marie Straub n’avait rien perdu de la fougue de la jeunesse, et si Danièle Huillet, son épouse et co-cinéaste, ne dit rien, c’est parce qu’elle était comme ça et qu’elle était d’accord avec Straub, le Lorrain véhément !
Un artiste terrien
Nulle envie ici de déconsidérer Michel Quéau, universitaire, ancien élève de l’école Polytechnique, qui tentait de penser le numérique, même si ses arguments peuvent sembler un peu dérisoires et étranges, 25 ans après : le numérique comme moyen de prendre de la distance avec soi-même…
Straub, plus tout jeune, exagère comme il a toujours exagéré (surtout quand il met Quéau dans le camp des “nazis”). Mais il pense que le numérique va détruire les générations à venir. Et, quand il tonne et crie, en bon matérialiste dialectique, artisan et poète ou artiste terrien, que « La seule chose que nous ayons, c’est notre planète ! J’adore ma planète, j’adore la vie et j’adore chaque instant que je vis ! Et c’est pour ça que je vous dis ce que je vous dis ! », on frissonne, tant le propos résonne avec notre époque.
C’était Jean-Marie Straub, décédé dimanche. Il avait 89 ans.
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