Liars veut écrire des chansons. Blêmes, belles et effrayantes psalmodies.
L’immense Angus Andrews s’est donc piqué d’écrire des chansons. Las des concepts, il a voulu mettre un peu de vin dans son vinaigre. Les New-Yorkais ont voulu un peu de simplicité – mais leur simplicité, c’est le plafond de la chapelle Sixtine pour n’importe quelle autre troupe de suceurs de roue.
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On croise certes, sur ce quatrième album, enregistré entre Los Angeles et Berlin, un peu plus de mélodies, quelques chœurs plus avenants et des formats moins exigeants. On s’émeut aux larmes de la beauté de Sailing to Byzantium et de Protection. On s’étonne de la belle tenue du protofunk blême de Houseclouds ou des riffs dantesques de Cycle Time. On s’excite sur Freak out, presque déjà un classique, presque les Pixies, ou sur Clear Island, drôle de meeting entre Katerine et Clinic, comme sur les expérimentations nucléaires de TV On The Radio. On trouve donc Liars, grand album entre le Velvet et le chaos, un peu plus accessible, voire écoutable, que les précédents Drum’s Not Dead ou They Were Wrong, So We Drowned.
Accessible, vaguement, mais méfiance : Liars n’est pas l’un des groupes les plus complexes de la décennie pour rien. Les Liars ne s’appellent pas les Liars pour rien, et la façade cache quelques inavouables secrets. Des torsions malades, des rythmes primitifs aux fréquences psychotropes. On sait donc tout de même qu’on ne sortira pas de Liars tout à fait dans le même état. On s’extirpera de Liars comme on sortirait d’une longue messe noire, d’une obsédante psalmodie tournée vers l’orage. On sort de Liars comme on sort de Plaster Cast of Everything, méchante attaque percussive et immense morceau. On en sort hagard et perdu, effrayé et paranoïaque, épuisé et ravi du mauvais traitement.
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