Comment la mobilisation des éditeurs européens a fait reculer Google à Bruxelles.
Après une réunion à Bruxelles entre membres de la Commission européenne et dirigeants de Google Books début septembre, la firme californienne a finalement renoncé à numériser et exploiter sur le sol américain les livres publiés et distribués en Europe sans “l’autorisation expresse des ayants droit”. Au coeur de la controverse : un accord signé entre le moteur de recherche et les principaux éditeurs américains, prévoyant la numérisation de tous les livres parus aux Etats-Unis. Google se réservait alors le droit de stocker ces livres numérisés, de les inclure dans les résultats de recherche et de les vendre en ligne.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop","device":"desktop"}
La Commission européenne a pour l’occasion rappelé que “la numérisation des livres est une tâche colossale qui doit être pilotée par le secteur public, mais pour laquelle le soutien du secteur privé est également nécessaire”.Une victoire en demi-teinte pour les éditeurs et auteurs européens qui craignent de perdre le contrôle de la diffusion de leurs ouvrages. Google Books, ce projet titanesque initié en 2004, consiste à numériser et mettre en ligne une grande partie du patrimoine littéraire mondial, constituant ainsi une bibliothèque universelle accessible à tous. “L’intérêt de Google était d’aider les gens à trouver les livres”, explique au NY Times Dan Clancy, directeur de Google Books . Alors Google philantrope ? Pas pour le Syndicat national des éditeurs (SNE), qui a estimé, le 3 septembre, que l’accord “ne propose pas les bases d’un partenariat équitable et équilibré”. En filigrane, c’est surtout la peur et le danger de confier à une seule entreprise privée le monopole de la digitalisation et conservation des livres. Une crainte déjà soulevée par les opposants à un accord entre Google et la BNF pour la numérisation de son fond. Frédéric Mitterrand a depuis averti que “la numérisation de tous les patrimoines doit se faire dans une garantie d’indépendance nationale absolue”. Mais exclure Google de la numérisation des ouvrages français ne reviendrait- il pas à exclure la culture française de la toile ? C’est notamment ce que souligne Camille Pascal, secrétaire général de France Télévisions dans une tribune publiée par Libération. “Le crime de Google se résume en deux mots, c’est une entreprise américaine”, argue-t-il.
Pour Stéphane Leroy, consultant, il faudrait avant tout s’interroger sur la nécessité de la numérisation.“Il faut que la conservation numérique ait un sens, tous les livres n’ont pas besoin d’être numérisés et il faut réfléchir à ce qu’on fait de la numérisation, rappelle-t-il. Je pense que le papier reste le meilleur support pour conserver et diffuser les ouvrages.”
{"type":"Banniere-Basse","device":"desktop"}