L’édito de Pierre Siankowski
On aurait presque pu appeler ça “un week-end de gauche”, peut-être le dernier avant des lustres. Samedi, de Bastille à République, Jean-Luc Mélenchon a réussi à rassembler plusieurs dizaines de milliers de personnes (on s’évitera le comptage organisateurs vs police, toujours sordide).
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Le lendemain, Benoît Hamon comptait lui aussi plusieurs dizaines de milliers de personnes à Bercy et autour, pour un mégameeting qui devait “lancer” sa campagne. Deux grands raouts du “peuple de gauche” ou ce qu’il en reste, mais deux grands raouts, comment dire ?… pour rien du tout.
Incapables de tendre la main
On aura bien compris que l’enjeu de cette campagne, pour Mélenchon comme pour Hamon, n’est désormais plus d’accéder à la fonction suprême. L’un comme l’autre ont été incapables de tendre la main, geste qui aurait pu leur permettre d’avoir une micro-microchance d’être au second tour.
On finit même par douter que l’union des deux eut été suffisante pour s’opposer à cette France qui réclame, bave aux lèvres, d’en finir avec cette gauche-là ou tout ce qui semble s’en approcher.
Genou au sol
Cette campagne sera longue pour tous ceux qui pensent encore qu’il existe certaines valeurs avec lesquelles on ne peut pas transiger. Ils seront certainement nombreux à faire le déplacement au second tour, comme ils l’ont fait en 2002, pour apporter de façon républicaine leurs suffrages à celui qui devra battre la candidate du Front national.
Divisée et même coupée en deux, un genou au sol et une trace de doigts sur la joue, la gauche française ne pourra que constater, les prochaines semaines, le spectacle désuet de son échec.
Contexte terrible
Les ambitions personnelles, les trahisons, le manque de conviction – au-delà du contexte terrible qu’aura eu à affronter François Hollande – auront emporté avec eux tout un pan de la vie politique française.
Ceux qui citent Mendès ou Rocard à tour de phrases, n’auront pas eu le courage de se mettre à la disposition des idées qu’ont encore envie de défendre ceux qui ne se reconnaissent pas, aujourd’hui, dans la candidature disparate d’Emmanuel Macron, quelque part entre Robert Hue et Alain Madelin.
Reconstruire
De Bastille à Bercy, au-delà des sourires forcés et des drapeaux déjà en berne, c’est la fin d’une certaine époque qui s’annonçait. Il convient désormais de reconstruire. Au plus vite.
Les candidats ne manqueront pas, comme d’habitude. Mais cette situation d’une rare tristesse nous aura donné l’occasion de voir comment certains se comportaient au beau milieu de la débâcle. Nous ne l’oublierons pas.
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