Pendant que TF1 déroulait le tapis rouge pour les cinq candidats à la présidentielle en tête dans les sondages, les six autres faisaient leur contre-soirée, et tentaient tant bien que mal d’exister…
Il y avait six grands absents du « Grand débat » de la présidentielle organisé sur TF1 ce 20 mars. En effet, la chaîne avait décidé de privilégier les cinq candidats en tête dans les sondages – Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon -, tandis que les autres étaient livrés à eux-mêmes. Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière), Jean Lassalle, Jacques Cheminade (Solidarité & Progrès), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Philippe Poutou (NPA) et François Asselineau (UPR) étaient donc marginalisés de fait. Mais qu’à cela ne tienne, ils n’allaient pas se résigner. Du moins pas tous.
Le Nicolas Dupont-Aignan show
Le premier à avoir contesté cette mise au ban, Nicolas Dupont-Aignan, a d’abord fait son coup de com’ sur TF1 la veille du « Grand débat », en quittant le plateau :
Vidéo – @dupontaignan quitte le plateau de 20h de @TF1. Un « geste » pour contester le débat entre 5 candidats prévu lundi soir sur la chaîne. pic.twitter.com/euvEYPaTnO
— Trésor Kibangula (@Tresor_k) 18 mars 2017
Il a obtenu gain de cause…chez Cyril Hanouna, en étant invité sur C8 dans l’émission Touche Pas à Mon Poste. L’animateur l’a accueilli déguisé en carotte, en affirmant : « Il s’est fait tej comme une de-mer par TF1″, comme l’a relevé Slate.
Voici l'intervieweur de Nicolas Dupont-Aignan pic.twitter.com/HRRfa6fXd1
— David Perrotin (@davidperrotin) March 20, 2017
Au bout de dix minutes d’une interview dont la politique devait être exclue, pour ne pas froisser les téléspectateurs habitués au show (« On ne fait pas de politique ici », a expliqué Hanouna), Nicolas Dupont-Aignan a accepté de se prêter au jeu proposé par Hanouna : dire s’il considérait les femmes et hommes politiques du moment comme « rassrah » (« blasant ») ou « darkah » (« cool »). Hollande est ainsi « Rassrah de rassrah » selon lui. Pour le candidat qui se plaignait qu’on ne parle pas assez du « fond » du programme en octobre 2016, voilà donc une étrange et vaine apparition télévisée.
Octobre 2016, Nicolas Dupont-Aignan : "J'aimerais qu'on parle du fond"
Mars 2017, Nicolas Dupont-Aignan : "Rassrah de rassrah" pic.twitter.com/vHtFHp8A0K— Brut FR (@brutofficiel) March 21, 2017
Et pendant ce temps, Nicolas Dupont Aignan… #LeGrandDebat #DebatTF1 pic.twitter.com/Qz8RDIu31V
— Rm Lhch (@RemDucks) March 20, 2017
« L’Autre débat » sur Explicit
La véritable contre-soirée politique avait lieu sur Explicit, le média 100% réseaux sociaux lancé par les ex-journalistes d’I-télé. Au départ, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud et Jacques Cheminade étaient prévus au programme pour débattre. Mais le candidat du NPA, qui a obtenu in extremis ses parrainages, a finalement décommandé :
Mes excuses à @expliciteJA pour mon absence ce soir à #LAutreDebat .
Pas dispo car discussion avec/contre #Ford pour le maintien de la boite pic.twitter.com/2V99GsCi5X— Philippe Poutou (@PhilippePoutou) March 20, 2017
C’est donc à un débat à deux que les internautes ont assisté sur le Facebook Live et le Periscope d‘Explicit. La candidate de la formation trotskiste a déroulé son point de vue strictement marxiste, annonçant d’emblée qu’elle n’était pas candidate à la présidence de la République, et évoquant « l’expropriation de la bourgeoisie, de la propriété privée des grands moyens de production ».
.@n_arthaud : "Je sais très bien que je représente un courant minoritaire. Je ne suis pas candidate pour aller à l’Élysée." #LAutreDebat pic.twitter.com/cg8jQIoglu
— EXPLICITE (@expliciteJA) March 20, 2017
.@n_arthaud : "Les médias font partie des secteurs qu'il faudrait faire fonctionner de façon collective, pour l'intérêt public" #LAutreDebat pic.twitter.com/EtrCYakOhF
— EXPLICITE (@expliciteJA) March 20, 2017
Jacques Cheminade s’en est pour sa part pris aux jeux vidéos, une de ses marottes, et au « capitalisme financier dérégulé » :
Selon @JCheminade, les jeux vidéos sont "une promotion de la culture de la destruction, de la violence, de l'irrationnel" #LAutreDebat pic.twitter.com/NXl6Vcw3rS
— EXPLICITE (@expliciteJA) March 20, 2017
.@JCheminade, à propos du chômage, est pour "combattre ce capitalisme financier, dérégulé" #LAutreDebat pic.twitter.com/PDa3GL61yW
— EXPLICITE (@expliciteJA) March 20, 2017
Malheureusement pour eux deux, comme les horaires du Grand débat et de l’« autre débat » se sont chevauchées, l’audience a brusquement chuté quand le premier a commencé sur TF1.
Asselineau compte se distinguer
En ce qui concerne François Asselineau, le candidat souverainiste de l’Union populaire républicaine (UPR), très présent sur internet, il était interviewé sur Public Sénat, puis sur CNEWS. Il a défendu sa singularité dans cette élection, étant pour la sortie des traités européens, et pour la sortie de l’OTAN notamment. Il a expliqué d’ailleurs se distinguer de Marine Le Pen dont « le fond de commerce est l’anti-immigration, qui ne concerne pas notre mouvement politique », et de Jean-Luc Mélenchon, dont le « fond de commerce est l’anticapitalisme ».
Quant au « Grand débat », il l’a raillé sur CNEWS en ces termes, relevés par Slate :
« Ce n’est pas un débat. C’est une succession de prises de paroles et de questions de journalistes qui leur demandent: “Qu’est-ce que vous pensez de la choucroute garnie?”
Message de Jean Lassalle, le berger qui convoîte l’Elysée
Seul absent de ces apparitions médiatiques, Jean Lassalle avait quitté Paris pour Lourdios-Ichère, dans les Pyrénées-Atlantique, où il habite… D’où il a affirmé que l’éviction d’une partie des candidats du débat du TF1 était « indigne des droits de l’homme, indigne du pays de la révolution ».
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Si Jean Lassalle ne peut pas compter sur les grands médias, il a cependant le soutien du réalisateur Pierre Carles, qui lui consacre un film, Un Berger à l’Elysée ? La bande-annonce est éloquente :