Sans se la jouer, le carton surprise de l’été, Neuilly sa mère!, parvient à humer l’air de la France de Sarkozy.
Complètement raté avec Agathe Cléry en 2008, le come-back d’Etienne Chatiliez a-t-il eu lieu symboliquement sous les traits de Neuilly sa mère ! ? C’est ce qui est souligné partout à propos de la petite comédie sociale produite par Djamel Bensalah, sortie au coeur de l’été (le 12 août) et qui, en deux semaines, a déjà atteint le million d’entrées et bénéficie d’un bouche à oreille optimum.
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Le pitch du carton de l’été ressemble en effet à une adaptation version banlieue contre banlieue de La vie est un long fleuve tranquille – un jeune rebeu de Chalon-sur-Saône débarque chez sa tante mariée à un riche du 92. De plus près, pourtant, c’est assez peu au cinéma-paraffine de Chatiliez que Neuilly sa mère ! fait écho.On pense plutôt à l’autre surprise du début d’été, Les Beaux Gosses de Riad Sattouf. Moins sensible et tordu que ce teen-movie à la française, Neuilly sa mère ! fonctionne néanmoins sur la même énergie cartoonesque, une sorte d’amour du malaise et des situations limites. Il ne s’appuie malheureusement pas sur une mise en scène aussi précise et poétique que chez Sattouf.
Mais ce manque de hauteur n’invalide pas pour autant le film, qui possède une autre ambition et confirme un motif récurrent du cinéma français. Car c’est là, perdu au fond des productions populaires et mainstream, que l’on prend des nouvelles du présent, de la France de Sarkozy, et pas vraiment ailleurs – dans le cinéma dit d’auteur. L’emblématique Jacques Audiard ne se démène-t-il pas à longueur d’interviews pour que le monde comprenne qu’ Un prophète n’est “pas un film sur la politique carcérale” ? A l’autre bout du spectre, par contre… Il y a quelques mois, le problématique mais intéressant Banlieue 13 Ultimatum faisait de Sarkoland son territoire imaginaire, en utilisant pour le détourner le langage de l’überprésident. Dans Neuilly sa mère !, les meilleurs répliques, désormais reines des cours de récré, remixent la novlangue élyséenne –“Ma chambre, tu l’aimes ou tu la quittes”.
Et voilà comment la satire de l’époque se dessine sous les traits d’un film sans qualités, fort de principes simples : faire exister ses ennemis (le personnage du préado qui affiche l’UMP dans sa chambre et a mis Quelqu’un m’a dit en repeat sur sa chaîne) et s’intéresser un minimum à ce qui se passe chaque jour dans la rue et à ce qui s’y dit. Parfois démago, même s’il touche juste en n’épargnant pas la gauche, Neuilly sa mère ! ouvre une fenêtre sur la France et renvoie à leurs études des navets droitiers tels que Lol, millions d’entrées contre millions d’entrées. Déjà pas si mal.
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