Un thriller en Polynésie plus que réussi, l’enfance de James Gray, et le retour du Wakanda : découvrez sans attendre les films de la semaine.
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Pacifiction d’Albert Serra
Fort d’un certain sens du thriller maniériste à la Michael Mann (avec notamment des “méchants” à tomber par terre) et envoûté par un casting de seconds rôles insulaires totalement captivants (en premier lieu Pahoa Mahagafanau, révélation du film), Pacifiction avance langoureusement en rôdant autour d’un mystère qui s’épaissit plus qu’il ne se dissipe, cherchant moins à en dévoiler la substance qu’à explorer la façon dont De Roller se cogne sur son hermétique opacité, et plus généralement sur l’ineffabilité du monde.
Lire la critique de Théo Ribeton.
Armageddon Time de James Gray
Si presque tous ses films sont associés à des quêtes intimes, Armageddon Time plonge dans la matrice. Cette œuvre à clés nous révèle que derrière la figure récurrente du père, il y a eu dans la vie de Gray un grand-père aimant dont la mort a constitué une perte irréparable. On apprend aussi que la lutte fratricide de La nuit nous appartient (2007) trouve sans doute son origine dans l’attitude d’un grand frère sadique. Et l’univers d’Ad Astra s’éclaire soudain à travers cette fascination du gamin pour les fusées… Chaque petit pan de récit s’observe comme une sorte de maquette, une esquisse des futures obsessions de l’auteur.
Lire la critique d’Emily Barnett
Black Panther de Ryan Coogler
Le problème est que ce renouvellement cosmétique ultra-captivant cache une paresse scénaristique. Wakanda Forever ne fait que reformuler la même question que celle du premier volet, à savoir : utiliser l’extraordinaire pouvoir du vibranium pour mettre à bas les ex-puissances blanches impérialistes, colonisatrices et esclavagistes, au profit des dominé.es de l’histoire, à savoir les noir.es (et ici les amérindiens) ou alors ne pas partager son pouvoir, vivre caché et ne jamais intervenir.
Lire la critique de Bruno Deruisseau
Trois nuits par semaine de Florent Gouëlou
Si le film décrit avec précision les deux faces de la vie d’une drag queen : la scène colorée et festive mais également ces coulisses moins glamours (l’homophobie, les longues séances de maquillage), le film échoue, à force d’être trop sage et éducatif, à retranscrire par de véritables choix de mise en scène toute la force subversive, l’audace politique et l’humour mordant des drags.
Lire la critique de Ludovic Béot
Estación catorce de Diana Cardozo
Dans Estación catorce, le récit et le filmage de Diana Cardozo sont aussi simples qu’ils brillent de leur admirable limpidité, allégés de tout fragment inutile ou redondant (une qualité suffisamment rare pour un premier film qu’il faut le souligner). De cette enveloppe extrêmement ténue, la cinéaste mexicaine parvient à dégager toute l’ampleur de son sujet et tisser un tableau implacable mais tendre sur le passage à l’âge adulte.
Lire la critique de Ludovic Béot
Couleurs de l’incendie de Clovis Cornillac
Les mêmes costumes, les mêmes dorures, les mêmes tacots de location, les mêmes surcouches de maquillage, les mêmes mouvements de grue… Le récit défile, les acteurs jouent, les violons violonnent, les accessoiristes accessoirisent, et tout ce que l’on voit, c’est un cinéma mort, une espèce de grand barnum clinquant et inerte que l’on a vu mille fois, que l’on reverra mille autres, et dont l’éventuel succès et les probables César techniques nous endorment aussi sûrement qu’une dégustation de Beaujolais.
Lire la critique de Théo Ribeton
Riposte féministe de Marie Perennès et Simon Depardon
Riposte féministe est important parce qu’outre l’inscription du mouvement dans notre histoire contemporaine, il permet de se demander où en est le féminisme aujourd’hui, d’écouter, de récolter la parole de ces filles et de ces femmes, de leur offrir l’espace de ce long-métrage pour les laisser dire leur expérience, et ce n’est pas rien. Pourtant, on regrette que le film ne se saisisse pas de tout ce que peut le cinéma, pour rendre son propos plus profond, sa forme plus ample et qu’il ne parvienne pas à transcender sa matière documentaire et sociale (la faute sans doute aussi à une logique d’exhaustivité et de multiplication des portraits)
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