Pour coloniser les kiosques, Grazia se voudrait réactif sur l’actu, pointu en mode et décalé sur le people, empiétant sur les terre de Elle, Glamour ou Paris Match. Un site doté d’une rédaction propre est censé décupler sa force de frappe. Décryptage sur fond de parano et de crise de la presse. A découvrir en kiosque le 29 août.
Le paysage de la presse féminine devrait se trouver profondément bouleversé en cette rentrée avec l’apparition de nouveaux titres, dont les rumeurs de lancement courent depuis déjà plusieurs années. Premier à voir effectivement le jour, Grazia, édité par le groupe Mondadori (Closer, Téléstar, Biba, Auto Plus…), sera en kiosque le 29 août. Les secrets sur le contenu et la forme du journal ont été bien gardés, d’autant plus que des maquettes ont été volées au printemps dernier.
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Paranoïa oblige, à la mesure de l’enjeu industriel pour Mondadori (filiale de la holding Fininvest détenue par Berlusconi), sa sortie, plusieurs fois reportée, sera suivie de près par les directeurs de magazines, dans un contexte économique critique pour la presse, confrontée au tarissement des ressources publicitaires et à la la baisse des ventes. Avant même l’effet crise qui touche toute la presse, le dernier lancement d’un hebdo féminin, Jasmin, en 2006 (le premier alors depuis vingt ans), avait échoué en devant s’arrêter au bout de dix mois.
Malgré les obstacles, Grazia veut occuper le créneau du féminin haut de gamme, à la fois chic et riche en contenu. Il devrait ainsi essayer de faire la différence grâce à un mix d’actu, de mode et de people qui se veut dynamique et surprenant. Pour la rédaction du magazine, dirigée par Yseult Williams, le pari est d’être plus réactif sur l’actu, pointu sur la mode, moins intrusif mais plus décalé sur le people. Grazia s’inspire autant de ses concurrents de la presse féminine que de magazines dédiés au reportage ou au people. Le journal revendique sa proximité avec des féminins comme Elle ou Glamour pour leur ton, mais aussi avec Paris Match ou Gala pour la variété de sujets et l’ancrage dans l’actualité.
Le groupe est d’autant plus confiant que la recette a fait ses preuves : Grazia est déjà édité dans douze pays où le succès est à chaque fois au rendez-vous. En Grande-Bretagne, où le tirage est de 220 000 exemplaires par semaine, on parle ainsi de “Grazia effect” pour désigner le fait qu’après parution, les produits qui sont à la une des pages de mode disparaissent des magasins. S’adressant aux trentenaires connectées, branchées sur la consommation, la version hexagonale de Grazia espère bien produire le même “effect”. Et le magazine souhaite tourner le dos au parisianisme pour s’ouvrir à l’international et mettre à l’honneur des photos d’actualité choisies pour leur caractère émouvant ou surprenant. Grazia devrait tendre dans ses pages vers un équilibre entre des références accessibles au grand public et des découvertes.
Et le groupe ne cache pas ses ambitions quant au site, lancé le même jour que le papier. Une rédaction propre en assurera le contenu, différent de celui du magazine. Il sera mis à jour quotidiennement, avec des chroniques et des débats, et a pour ambition d’être le premier média quotidien féminin. L’arrivée de Grazia devrait changer le paysage de la presse féminine. Du côté de son principal concurrent, Elle, on réalise des changements pour faire face à ce nouveau venu et séduire de nouvelles lectrices, notamment les 25-35 ans : parution le vendredi au lieu du samedi, format plus petit, prix ramené à 2 euros… Le lancement de Grazia a lieu dans un contexte de compétition accrue qui voit les féminins tester régulièrement des idées pour attirer les lectrices. Cet été, Marie-Claire s’est aussi mis au petit format. D’autres titres pourraient entrer dans la partie : la version française de Look, pour le groupe Marie-Claire, ainsi que Be, un projet sur lequel planchent les équipes de Lagardère. De quoi augurer d’une belle bataille féminine en kiosques…
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