Les universités d’été des écologistes et du PS ainsi que la perspective des régionales en 2010 soulèvent une question déjà posée après les européennes : qui sauvera la social-démocratie ?
Les Verts vont-il sauver la gauche ou l’achever ? Invectives, phrases assassines, avis de décès, la décomposition du Parti socialiste a été un des feuilletons de l’été. L’université d’été du PS à La Rochelle qui se tient ce weekend permettrait peut-être de remettre un peu d’ordre. D’autant plus urgent que le gouffre, avec la cohésion affichée par la droite, s’est encore creusé. Avec la réintégration de Chasse, pêche, nature et traditions de Frédéric Nihous et du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers dans l’UMP, Nicolas Sarkozy achève l’union de la droite, perfectionnant encore sa machine à gagner les élections.
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De Besson à De Villiers, le Président balaye ultralarge et ne cesse de prendre le PS de vitesse. Le Point affiche en une de son numéro du 20 août un faussement naïf “Sarkzoy est-il de gauche ?”. Il ira peut-être jusqu’à leur prendre ça, lui qui a déjà piqué à la gauche les thèmes de la diversité et de l’écologie. Il se ferait même passer pour plus Vert que les Verts. Avec le succès d’Europe Ecologie aux élections européennes, tout le monde est écolo. Sauf que dorénavant, le label vaut cher. Et les alliés fidèles et inoffensifs d’hier se sont émancipés concurrençant l’hégémonie du PS à gauche.
L’université d’été des Verts à Nîmes a lancé, une semaine avant celle des socialistes, le coup d’envoi de la saison politique. “L’ambiance est excellente, à la fois festive et sérieuse. Il n’y a jamais eu autant de monde, 2 000 participants ! (soit autant qu’à La Rochelle – ndlr)”, rapporte, ravie, Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts. L’année écoulée est celle de la résurrection d’un parti encore plombé il y a peu par ses divisions. En une élection et leur coude à coude avec le PS (16,3 % pour Europe Ecologie et 16,8 % pour le PS), les écolos ont déplacé le centre de gravité de la gauche.
Face à cette nouvelle répartition, Martine Aubry a voulu jouer la conciliation en tendant la main à ses “alliés naturels” pour construire “une maison commune de la gauche”. Mais Daniel Cohn-Bendit l’a renvoyée dans les cordes : “Arrêtez de nous casser les pieds ! Que le PS arrête avec son paternalisme.” L’expérience de la gauche plurielle des années Jospin a durablement marqué des écolos souvent traités avec condescendance et à qui l’ancien Premier ministre fit porter la responsabilité de son échec au premier tour de la présidentielle de 2001 face à Jean-Marie Le Pen.
Cette année, les Verts et Europe Ecologie veulent réitérer leur succès aux élections régionales de mars 2010, où les socialistes ont tout à perdre puisqu’ils détiennent 20 régions sur 22. Officiellement, les Verts mèneront des listes autonomes au premier tour. “Nous voulons démontrer notre réelle existence et en fonction du rapport de force créé au premier tour négocier une alternative à la droite”, expliquait Daniel Cohn-Bendit sur France Inter le 19 août. Cela inquiète le député PS Pierre Moscovici : “Si la gauche s’avance désunie, ajouté à la tentation de plumer la volaille socialiste, nous payerons tous l’addition face à la droite.” Cela va diviser de façon factice le camp de gauche alors que les écolos et le PS travaillent ensemble en région. Il craint aussi que les deux tours des régionales donne une dynamique favorable à la droite unie.
“No risk no fun”, répond Dany sur France Inter, qui a une conviction : l’écologie politique va sauver une social-démocratie en crise partout en Europe. Pour Cécile Duflot, “l’aggravation de la crise écologique et économique a donné du crédit à ce que disent les écologistes depuis plusieurs années”. Laissant en chemin le PS. “Le parti commence à prendre en compte ces questions mais ce n’est pas une réelle conversion. Il reste prisonnier d’un modèle productiviste”, décrypte Rémi Lefebvre, politologue spécialiste du PS. “Mon problème n’est pas de donner des leçons mais que l’écologie politique progresse”, répond, magnanime, Cécile Duflot.
Pierre Moscovici, qui va diriger la Convention nationale sur un nouveau modèle de développement, en convient : “Le PS a trop négligé et trop sous-traité la question écolo. Mais elle ne sauvera pas la social-démocratie.” Selon lui, la cause de la désaffection du PS est organisationnelle : “C’est un vote sanction”. Martine Aubry doit ainsi composer avec divisions internes et des quadras qui ont trop attendu. Il y a ceux qui ont sonné le glas du parti comme le député-maire d’Evry Manuel Valls qui ne se rendra pas à l’université d’été. Arnaud Montebourg a quant à lui menacé, dans une lettre publiée sur Nouvelobs.com, de quitter le parti si la direction enterre le dossier des primaires. Puis il y a ceux qui tempèrent et appelle à l’union comme Vincent Peillon. Ceux qui espèrent qu’avec La Rochelle on y verra plus clair. “Mettre en place une véritable feuille de route et recréer une règle du jeu”, pour Moscovici. “Avant de vouloir rassembler la gauche, il faut se rassembler soi-même “, implore Cambadélis.
D’autant plus que les écolos pourraient bien jouer l’ouverture mise à la mode par Sarkosy. “On est en dialogue avec des gens qui ont été soit intrigués, soit intéressés, soit franchement bouleversés par ce qui s’est passé”, confirme Cécile Duflot. Ainsi Christiane Taubira, député PRG de Guyane courtisée par les écolos pour les régionales après son soutien aux européennes, s’est rendue à Nîmes. Dans tout ce brouhaha, il y quelqu’un qui se garde bien d’élever la voix. Ségolène Royal laisse tranquillement Martine Aubry gérer. Si la candidate malheureuse à la présidentielle réussi à conserver la région Poitou-Charentes en 2010, elle se replacerait favorablement pour 2012. Au plus grand plaisir de Sarkozy qui n’a jamais caché son envie de remettre le couvert avec elle.
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