L’actrice française, véritable icône du cinéma mondial, était l’invitée de “Dans les yeux de…” sur Radio Nova. Elle y a évoqué les premières images de son enfance, de courtes BD présentes dans les journaux à l’époque, sa passion pour les séries, son goût pour certains films récents et le rapport qu’elle entretient à sa propre image.
Dans les yeux de… sur Radio Nova, une émission de Jean-Marc Lalanne, rédacteur en chef des Inrockuptibles, a pour objectif d’explorer le rapport aux images de l’invité, de sa prime enfance jusqu’à celles qui peuplent son environnement contemporain.
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Un « paysage »
En plus d’être une immense actrice ayant incarné presque toutes les femmes au cinéma, Catherine Deneuve, photographiée à chaque époque de sa vie, est aussi une image. Son visage, décrit par Belmondo dans La Sirène du Mississippi de Truffaut (1969) comme un « paysage« , est présent dans toutes les têtes.
Son rapport aux images commence avec les courtes bande-dessinées qu’elle trouvait dans les journaux ; une ayant pour titre Pim Pam Poum, où un personnage à la mâchoire carrée, membre de la police montée, représentait pour elle une sorte d’idéale masculin, et Mandrake, qui mettait en scène un personnage de magicien moustachu qui lui faisait penser à son père. Cet intérêt pour la bande-dessinée se poursuivra plus tard à travers les oeuvres de Marjane Satrapi, Tardi, Enki Bilal.
Son premier souvenir de cinéma remonte à ses 10 ans avec Quand la marabunta gronde (1954), un film d’aventure avec Eleanor Parker, Charlton Heston et « des fourmis géantes… c’était effrayant (…) J’aime avoir peur au cinéma« . C’est d’ailleurs son goût pour les films d’épouvante qui est à l’origine de son rôle dans Les Prédateurs de Tony Scott (1983) : « j’ai accepté de faire le film de Tony Scott parce je rêvais de jouer un vampire, je trouvais ça mystérieux, sensuel. »
Après avoir évoqué son admiration pour de nombreux acteurs américains, notamment Marilyn, elle avoue son addiction aux séries :
« Je regarde toujours beaucoup de séries. La première série dont j’ai été accro est X-Files. Je trouvais les histoires très étonnantes et j’adorais les deux personnages, l’ambiguïté de leur relation. Et puis Breaking Bad est complètement fou, Homeland (ndlr. dont la sixième saison est diffusée en ce moment), je trouve ça formidable aussi. Ce que fait Clair Danes est époustouflant, parvenir à tenir ce type de jeu sur la longueur… Alors aujourd’hui bien-sûr il y a des gens qui disent « oui mais c’est un peu hystérique » mais c’est elle qui amène une énergie incroyable, c’est elle qui donne cette fièvre à tout ça. Il y aussi des séries françaises très bonnes : Le Bureau des Légendes, Les revenants. »
Sur grand écran, Catherine Deneuve, qui se tient très au fait de l’actualité cultuel, apprécie énormément des films comme Manchester by the sea, Paterson, Mademoiselle, Elle ou Ma vie de courgette.
« Je n’ai jamais été très séduite par mon image »
Jean-Marc Lalanne la questionne ensuite sur l’évolution du rapport à sa propre image, elle qui a été beaucoup photographiée par les plus grands photographes (Richard Avedon, Man Ray, Helmut Newton) au cours de sa vie :
« Je n’ai jamais été très séduite par mon image, même s’il y a des photos que je trouve très belles. Je ne sais pas… Il y a toujours eu une réticence chez moi. Je dois toujours surmonter quelque chose. Par contre, je n’ai aucun désir de contrôle sur mes images. C’est très ambiguë parce qu’à l’âge que j’ai, avoir à la fois une photo qui me ressemble et qui soit également fidèle à la manière dont moi je me perçois est compliqué. Quelques fois, on me présente une image séduisante mais qui ne me ressemble pas, ou le contraire. C’est un peu mélancolique… J’aime bien qu’on m’arrange un peu, mais pas trop. Je n’ai pas envie de courir après mon image. Je suis réaliste, fataliste et pas du tout obsédée par mon image. Ca doit être terrible pour une actrice de vieillir avec difficulté. C’est quelque chose qui n’est pas facile mais ce n’est pas quelque chose qui me pèse. »
https://www.youtube.com/watch?v=RCwDC-mcb4g
L’actrice termine en évoquant ses projets et désirs futurs : l’envie de faire un disque avec Benjamin Biolay et des films à venir ; une comédie avec Gérard Depardieu, Bonne Pomme, qui sortira cet été, Sage Femme de Martin Provost qui sort le 22 mars, Tout nous sépare de Thierry Klifa qu’elle a tourné avec Nekfeu et un septième film sous la direction d’André Téchiné. Une activité impressionnante pour l’une des plus grandes actrices françaises de l’histoire qui conclut en affirmant « Mon goût de faire du cinéma est inentamé. » .
Emission à écouter en entier ici ou ci-dessous :
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