Le duo imparable formé par Rebeka Warrior et Carla Pallone s’offrait un ultime concert le 1er novembre dans un Olympia plein à craquer, prêt à vibrer une dernière fois auprès des spectres et des secrets sombres de Mansfield.TYA.
Il y a mille et une façons de dire au revoir. Et, au fond, aucune ne sera satisfaisante. À regrets, il manquera toujours quelqu’un ou quelque chose. Et si on avait fait autrement ? Sincères, généreuses et sans artifice, Rebeka Warrior et Carla Pallone ont bouclé le chapitre Mansfield.TYA à leur manière, dans un Olympia bondé, un soir de 1er novembre symbolique pour la mort, avec un seul mot d’ordre : faire la fête à en crever.
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En plissant les yeux, les plus malin·es percevaient déjà l’esquisse de la fin car, depuis deux décennies, Rebeka Warrior écume les projets. Aux côtés de Mitch Silver, elle pilote Sexy Sushi, fondé en 2001, tandis qu’elle s’extirpe en solo à partir de 2016 pour assurer ses propres DJ sets avant de s’associer à Vitalic, figure emblématique de la scène electro française, pour lancer Kompromat en 2019.
Il y a vingt ans, en 2002, Julia Lanoë (de son vrai nom) rencontre Carla Pallone pour former Mansfield.TYA, un duo féminin à la voix angélique qui perce le ciel sombre avec une certaine audace, celle de faire fondre les racines des genres. Entre violon funeste et techno bizarroïde, le groupe originaire de Nantes affine, au fil du temps, son alliage d’acier et de douceur. Le cœur serré sous l’adrénaline, on attendait beaucoup de ce dernier concert. On se disait, pourvu que ça brûle.
Un Olympia en communion
Après un bon échauffement au cours d’une première partie assurée par la prodigieuse Cate Hortl, Rebeka et Carla débarquent sous le grondement bas et lourd des cris et des applaudissements. De Ni morte ni connue à Auf Wiedersehen en passant par Bleu Lagon ou L’Acqua fresca, le duo enchaîne les titres taillés pour les clubs sur lesquels le public gondole et reprend les paroles en chœur. En slalomant parmi ses cinq albums, Mansfield.TYA s’octroie aussi quelques parenthèses placides avec Le Parfum des vautours, Petite Italie ou une reprise de A Forest, le manifeste gothique des Cure. Puis vient le temps des invités, à savoir les fameux Bérurier Noir, le genre de punks au revolver qui fume encore, et les mecs d’Odezenne, pour une Danse de mauvais goût qui continue d’attiser les flammes.
Une fausse fin rampe progressivement tout au long de la soirée. Accompagnées d’une violoniste et d’une violoncelliste, Rebeka et Carla reviennent pour un set acoustique inédit au fil duquel le quatuor cordes/voix pioche cinq morceaux extraits de ses cinq albums. Dans un Olympia métamorphosé en communion intime, avec ce qu’il faut de frissons qui remontent le long de la colonne vertébrale, Mansfield.TYA commence à dire au revoir. Pourtant, on ne se quittera pas sans faire la fête une dernière fois. C’est promis, juré, craché. Des roses rouges fendent les airs, entre la scène et la foule.
Prêtes à en découdre, Rebeka Warrior et Carla Pallone font craquer les machines, sombres comme la nuit. La foudre éclaire les visages et nous assurent que Mansfield.TYA fait désormais partie des icônes, de ces inventives incontournables qui marquent leur époque au fer rouge. La messe est dite.
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