On peut trouver absurde cette manie très française de multiplier les prix littéraires – chaque café semble avoir son prix littéraire aujourd’hui. Longtemps, je ne l’ai pas comprise, jusqu’au moment où, il y a deux ans, nous avons décidé aux Inrocks de créer notre propre prix.
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L’impulsion de départ consistait, assez égoïstement, à nous éviter les frustrations annuelles de plus en plus pénibles. Nous voyions, impuissant·es, les livres que nous avions aimés, portés, que nous trouvions essentiels dans le champ d’une littérature très contemporaine, échouer à obtenir ces prix que l’on dit “grands”. Si nous avons pensé qu’il était important pour nous de réparer par un geste, l’injustice faite institutionnellement à certains textes, la joie que nous avons éprouvée à faire ce prix a aussi été intense pour d’autres raisons. Car c’est bien de joie que je veux parler ici, la joie de distinguer des œuvres et de transmettre nos découvertes, comme l’explique parfaitement Christine Angot, présidente de notre jury cette année, dans notre entretien (à lire ci-dessous). Mais aussi la joie de nous retrouver pour partager et débattre.
Comme elle le dit très bien, “écrire n’est pas un travail d’équipe”. Lire non plus. L’écrivain·e est seul·e. Au fond, le lecteur ou la lectrice aussi. Le ou la critique également. Il y a eu une grande joie, donc, partagée par mon équipe et moi-même, de retrouver Christine Angot régulièrement dans un café. Nos heures passées à échanger avec elle auront été parmi les plus riches de cette rentrée. Les grandes discussions pour savoir qui, entre Lola Lafon et Léonora Miano, elle aussi grande favorite pour son puissant Stardust, recevrait notre prix du meilleur roman ou récit français, celles pour choisir dans la catégorie premiers romans entre Les gens de Bilbao naissent où ils veulent de Maria Larrea et En salle de Claire Baglin, que nous avons aussi beaucoup aimé, ont été passionnantes.
Il était aussi passionnant, stimulant intellectuellement, d’entendre la voix d’une écrivaine de la trempe de Christine Angot s’exprimer sur les œuvres publiées à la rentrée puisqu’à travers elles, c’est son point de vue sur la littérature, précis, brillant, toujours honnête, surprenant, qui s’est exprimé. Dans une grande douceur et une belle générosité. Une volonté de partager le bonheur de lire ces titres, parmi les meilleurs selon nous, de cette année.
Édito initialement paru dans la newsletter livres du 27 octobre
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