Le Palais Galliera inaugure sa saison espagnole avec une exposition hommage consacrée à la « légende de la mode », Cristóbal Balenciaga.
Conçue par Olivier Saillard et intitulée L‘Œuvre au noir, l’exposition hors les murs du Palais Galliera qui ouvre ce mercredi au musée Bourdelle, à Paris, offre un angle d’attaque particulier pour (re)découvrir le travail du maître espagnol : le noir. Balenciaga a fait du noir plus qu’une couleur : c’est devenu une matière. C’est grâce à cette monochronie affichée dans l’exposition que la richesse de la création de Balenciaga saute le mieux aux yeux.
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Soixante-dix pièces sont présentées, des prototypes en toile à patron aux vestes, tailleurs, robes de cocktail des dernières collections du créateur. On suit ainsi l’évolution de cette (non)couleur qu’est le noir depuis les « ébauches et construction » jusqu’à la rencontre du noir et des couleurs, en passant par le jeu entre « noir et lumière » et l’importance des « silhouettes et volumes« . Apparait alors le rôle qu’a joué Balenciaga dans la redéfinition des contours d’un vêtement, par une déconstruction des lignes du corps et une plus grande géométrisation des formes.
“L’évêque de la modernité” sous influence espagnole
Cristóbal Balenciaga a quasiment inventé la notion de luxe. De son vivant, il aura toujours refusé de transposer son travail d’orfèvre et d’architecte du vêtement sur les machines du prêt-à-porter.
En 1917, Balenciaga crée son premier atelier à son nom à San Sebastian, au Pays basque espagnol. Suivront l’ouverture de deux autres maisons. Mais en 1937, la guerre civile ayant éclaté en Espagne l’année précédente, celui qui habille depuis ses débuts royauté et aristocrates, décide de fermer ses trois maisons pour se rendre à Londres. C’est finalement à Paris qu’il rouvre sa maison de couture, avenue George-V.
Cet hiver-là, le public parisien découvre la griffe du « couturier des couturiers » et l’influence de l’Espagne qui souffle dans sa collection : boléro, passementerie, broderie. Cette première collection parisienne rencontre un grand succès.
Tout au long de sa carrière, il a joué entre les techniques traditionnelles de son pays d’origine et la modernité des différentes silhouettes qu’il a inventées – souvent opposées à celle d’un Christian Dior ou d’un Yves Saint Laurent.
De la haute couture au prêt-à-porter
Pendant près de cinquante ans, Cristóbal Balenciaga impose son style et son savoir-faire. Mais le monde bouge, Paris veut la révolution. Nous sommes en 1968. Le couturier qui a habillé la reine mère Marie-Christine, la reine Victoria-Eugénie d’Espagne ou Marlène Dietrich, ne se reconnaît plus dans cette société où la notion même de luxe est remise en cause. Pour Balenciaga, sa vision de l’élégance n’a plus sa place dans ce monde qui se cherche, qui change, dans cette nouvelle ère du prêt-à-porter. Il décide de fermer sa maison de haute couture.
Après le décès du fondateur en 1971 et une courte pause, la maison Balenciaga a été rachetée. Elle a notamment eu à sa tête Nicolas Ghesquière de 1997 à 2012, année où il laisse la place à Alexander Wang. Depuis 2015, c’est Demna Gvasalia qui s’occupe de la direction artistique. La marque de “l’évêque de la modernité” n’a cessé de se transformer. Néanmoins, une exposition revenant sur les collections historiques de la maison ne devrait pas manquer de tracer des ponts entre ces cent années qui séparent l’ouverture du premier atelier espagnol par le maître et les défilés de ces dernières fashion weeks.
Balenciaga, l’Œuvre au noir, du 8 mars au 16 juillet, Musée Bourdelle, 18 rue Antoine-Bourdelle, Paris 15e
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