Mythologies, rencontre entre les univers de deux artistes majeurs, surprend. Décryptage avec le chef d’orchestre Romain Dumas.
Dans Gravité, un de ses plus beaux spectacles, le chorégraphe Angelin Preljocaj faisait se télescoper Bach et Philip Glass, Ravel et Iannis Xenakis, Chostakovitch et Daft Punk. Un grand huit émotionnel et musical. Question French Touch, Preljocaj n’en était pas à son coup d’essai, ayant travaillé avec Air sur Near Life Experience. Sans oublier Laurent Garnier avec d’autres projets.
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L’idée lui vient dès lors de commander une partition à Thomas Bangalter il y a trois ans. Entre-temps, le duo aux casques d’or s’est séparé. Mythologies vient à point nommé, comme une résurrection. Un ballet pour dire les mythes fondateurs comme les mythologies actuelles. Des Amazones à Zeus, d’Aphrodite à Icare, Bangalter a le champ large, un livret écrit par le chorégraphe en mains.
“Une partition profondément personnelle”
Bien vite, c’est la dimension organique de l’orchestre que Thomas Bangalter titille. Exit l’électronique. “La partition de Mythologies est la première partition exclusivement symphonique de Thomas Bangalter comme unique compositeur pensée pour l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine”, s’enthousiasme le chef Romain Dumas. “On y découvre son attrait pour la musique baroque, la musique minimaliste américaine ainsi que la confirmation de son attachement à des cellules rythmiques et mélodiques courtes et travaillées par variations progressives. Les prospections d’harmonies et de timbres, avec ses séductions et ses aspérités, innervent aussi cette partition profondément personnelle, parfois intime.”
Preljocaj espérait, sans le dire, une partition proche de celle de Tron, le film Disney dont les Daft Punk ont signé la B.O. Une œuvre hybride. Mais le musicien a pris une autre direction. Romain Dumas témoigne : “La composition de la partition de Thomas s’est déroulée sur plusieurs mois puisqu’il fallait ‘accoucher’ d’environ 1 h 30 de nouvelle musique. J’ai eu très tôt le privilège de voir et d’entendre 20 minutes des premières esquisses qui laissaient augurer le meilleur et donnaient déjà le ton. Thomas Bangalter avait rompu avec l’électronique, il faisait du symphonique.”
Sur scène, la danse navigue entre grands ensembles et duos plus aboutis. Preljocaj évite d’illustrer Bangalter. Le résultat est plastiquement superbe, à défaut d’être vraiment contemporain. Pour Romain Dumas, à la tête de l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine, “accompagner l’éclosion d’une partition presque intime, marquante dans la vie musicale de Thomas Bangalter a été ma plus grande fierté sur ce projet”. Mythologies recompose notre passé à sa manière, inquiète.
Mythologies, Théâtre du Châtelet, 22 octobre au 5 novembre (avec orchestre), 12 et 13 novembre, Limoges, 14 au 19 décembre Versailles puis tournée 2023.
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