Il faut une certaine application pour rendre parfaitement plombante la fabrication d’un des morceaux les plus célestes du répertoire américain. C’est ce que réalise Hallelujah, les mots de Leonard Cohen, documentaire indigeste qui revient en long en large et en travers sur l’histoire accidentée du tube mythique de Leonard Cohen, disparu en 2016.
Il aura fallu huit années, une traversée du désert, une crise mystique et un chapelet de visions bizarroïdes à Cohen pour accoucher de son morceau phare, ballade énigmatique et envoûtante aux allures de verset apocryphe, où se mêlent amours charnelles et évocations bibliques, sublimées par la voix languide et rocailleuse du poète canadien.
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À partir de la création houleuse du morceau – longtemps désavoué par sa maison de disque et limité à un succès confidentiel avant de devenir le tube planétaire qu’on connaît –, les réalisateur·ices Dayna Goldfine et Dan Geller brossent le portrait en clair-obscur de Leonard Cohen, alchimiste du verbe partagé entre la grâce et les ténèbres.
Un matraquage malvenu
Succession d’interviews face caméra à l’intérêt variable agrémentée d’images d’archives (pour la plupart connues des “cohenniens” pratiquants), Hallelujah, les mots de Leonard Cohen ne souffre pas seulement de son format télévisuel convenu et ressassé ; il réalise la prouesse de transformer le chef-d’œuvre qu’il entend décortiquer en une ritournelle infernale.
En se focalisant longuement sur les innombrables reprises d’Hallelujah (pour beaucoup dispensables), le documentaire semble davantage fasciné par le statut d’hymne qu’a acquis le morceau à force de réinterprétations que par le morceau lui-même, et finit par l’évider de toute sa beauté vénéneuse, n’en conservant que la portion rayonnante, soluble en plateau de télévision (American Idol, The Voice) ou au générique de films d’animation pour enfants (la fameuse version de Rufus Wainwright, rendue populaire par Shrek).
Hallelujah, les mots de Leonard Cohen de Dayna Goldfine et Dan Geller. En salles le 19 octobre.
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